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416 ÉTUDE

��Seigneur, quand un Romain, quand un héros soupire.

Nous n'entendons pas bien ce qu"uu soupir veut dire,

Et je vous servirais de meilleur truchement,

Si vous vous expliquiez un peu plus clairement.

Je sais qu'en ce climat, que vous nommez barbare,

L'amour par un soupir quelquefois se déclare :

Alais la gloire, ((ui fait toutes vos passions.

Vous met trop au-dossus de ces impressions :

De tels désirs, trop bas pour les grands cœurs de Rome...

SERTORIUS.

Ah ! pour être Romain, je n'en suis pas moins homme '. J'aime, et peut-être plus qu'on n'a jamais aimé; Malgré mon âge et moi, mou cœur s'est enilammé. J'ai cru pouvoir me vaincre, et toute mon adresse Dans mes plus grands eti'orts m'a fait voir ma faiblesse. Ccu.\ de la politique, et ceux de l'amitié. M'ont mis en un état à me faire pitié. Le souvenir m'en tue, et ma vie incertaine Dépend d'un peu d'espoir que j'attends de la reine.

Sertorius commence la lignée de ces vieillards amoureux que Corneille, on l'a remarqué, se plaît à peindre dans ses dernières pièces. Syphax ne parlera pas avec une éloquence moins amère de son amour jaloux pour Sophonisbe; le vieux Martian, amou- reux de Pulchérie, s'écriera de même en se rappelant sa jeunesse : '< Le souvenir en tue. » Mais ou ne prétendra pas que Corneille, en peignant Sertorius, se soit peint lui-même, comme on l'a dit, avec plus de raison peut-être, pour .Martian.

C'est de sa vieillesse encore et du ridicule d'un amour sénile qu'il entretiendra Viriate, lorsque Viriate, par ses froideurs et son feint empressement d'épouser Perpenna, lui aura enfin arraché l'aveu qu'elle attend :

VIRI.^TE.

L'hymen où je m'apprête est pour vous une gêne! Vous m'en parlez euflu comme si vous m'aimiez!

1. « Ce vers a quelque chose de comique ; .lussi est-il excellent dans l.i bouche do ^irtiife. qui dit :

Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme.

M.iis il n'est pas permis ,'i Sertorius de parler comme Tartufe, n (Voltaire.) Nous ne voyons pas ce que le vers de Corneille a de comique en lui-même. II na l'ott «ans doute devenu qu'aprèn l'imitation évidente qu'en a faite Molière.

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