SUR SERTORIUS 401
la géuéreuse indignation de César. Sertorius, Pompée, César, ces héros des derniers temps de la république romaine ne nous appa- raissent plus que sous les traits idéalisés par Corneille. Voltaire trouve à railler ici, comme partout ; il voit le côté ridicule de l'acte spontané de pardon qui grandit Pompée : « On apporte, dit-il, une bougie ; autrefois on apportait une chandelle. » C'est un bien mince détail, qu'il est facile de rendre plus dramatique. En tout cas, le dénouement n'en est pas amoindri. « Je n'ai jamais su dérober mes succès; » Pompée est tout entier dans ce mot vrai- ment cornélien. Ses derniers mots sont pour ordonner qu'on fasse à Sertorius d'illustres obsèques, et qu'on lui élève un tombeau témoin de sa gloire et de la douleur des Romains.
A ne considérer les choses qu'au point de vue historique, Serto- rius est une tragédie d'une extrême simplicité, et qui peut se ré- sumer en quelques mots. Dernier survivant du parti de Marins, Sertorius se maintient en Espagne avec l'appui des Espagnols. 11 est menacé à la fois par son lieutenant Perpenua, qui est secrè- tement jaloux de lui, et par Pompée, qui commande eu Espagne l'armée de Sylla. Pompée essaye vainement de le gagner ; mais Perpenna, au milieu d'un festin, poignarde son général. Vainqueur, Pompée s'honore ea punissant le meurtrier.
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��LA PART DE LINVE.NTION
Ces données suffisaient pour un tableau d'histoire; elles ne suffi- saient pas pour un drame, du moins pour un drame qui pût plaire aux contemporains. Le plus grave défaut du sujet, c'est qu'il n'offrait point de personnage féminin; Corneille nous dira lui- même comment cette lacune fut comblée : « Comme il ne m'a fourni aucune femme, j'ai été obligé de recourir à l'invention pour en introduire deux, assez compatibles l'une et l'autre avec les vérités historiques à qui je me suis attaché. L'une a vécu de ce temps-là : c'est la première femme de Pompée, qu'il répudia pour entrer dans l'alliance de Sylla par le mariage d'Emilie, fille de sa femme. Ce
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