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raisons sans doute pour être plus économes. Une rupture était inévitable; Sourdéac en fut la victime. Mais il protesta vivement contre son exclusion ;en bon Normand, il engagea contre les co- médiens un procès qui dura longtemps.

��III

LES PIÈCES A GRAND SPECTACLE BT LE PUBLIC FKANÇ.AIS

Nous n'avons pas à suivre ici les destinées de l'opéra avec Qui- nault, LuUi. Colasse, Campra: il nous suffit d'avoir marqué la grande place que tient Corneille dans Thistoire de ses origiucs. Ce qui est curieux, c'est de constater que toujours les pièces à grand spectacle, dont Andromède et la Toison d'or sont les premiers modèles, ont rencontré l'opposition d'une élite, restée indifférente ou hostile même à ces nouveautés importées d'Italie. Nous ne parlons point de ceux qui, avec Boileau • et M™^ Dacier 2 , les condamnent surtout au point de vue moral; mais de ceux aux yeux de qui le spectacle qui parle aux sens plus qu'à l'esprit n'est pas un spectacle vraiment français. Ce serait peu que le témoi- gnage du bon Chappuzeau, qui se connaît pourtant aux choses du théâtre; il admire les machines, et eu particulier celles qui font l'ornement des poèmes de Corneille; « mais enfin ces beaux spec- tacles ne sont que pour les yeux et pour les oreilles; ils ne tou- chent pas le fond de l'àme 3. » Mais le délicat Saint-Evremond, exilé en Angleterre, où il ne subissait pas la contagion de la mode, écrivait au duc de Buckingham : « Une sottise chargée de mu- sique, de danses, de machines, de décorations, est une sottise magnifique, mais toujours sottise. Si vous voulez savoir ce que c'est qu'un opéra, je vous dirai que c'est un travail bizarre de poésie et de musique, oii le poète et le musicien, également gênés l'un par l'autre, se donnent bien de la peine à faire un méchant ouvrage. » Même à cette époque, cela était injuste. Mais l'art du décor était encore dans son enfance. A propos de Circé même,

1. Satire x.

2. Des Causes de la corruption du goût, 1714,

3. Théâtre français, h'^on, 1674.

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