Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée

372 ETUDE

eu sont allégoriques encore, mais quelle vérité daus cette pre- mière scène entre la Victoire et la France : S

LA FRANCE.

Doux charme des héros, immortelle Victoire. Ame de leur vaillance, et source de leur gloire. Vous qu'on fait si volage, et qu'on voit toutefois Si constaute à me suivre, et si ferme en ce choix, Ne vous ûfleusez pas si j'arrose de larmes Cette illustre uniuu qu'eut avec vous mes armes, Et si vos faveurs mèuie obstineut mes soupirs A pousser vers la paix mes plus ardents désirs. Vous faites qu'on m'estime aux deux bouts de la terre. Vous faites qu'on m'y craint; mais il vous faut la guerre; Et quand je vois quel prix me coûtent vos lauriers. J'en vois avec chagrin couronner mes guerriers.

LA VICTOIRE.

Je ne me repens point, incomparable France, De vous avoir suivie avec taut de constance : Je vous prépare encor mêmes attachements; Mais j'attendais de vous d'autres remercîments. Vous lassez-vous de moi qui vous comble de gloire. De moi qui de vos fils assure la mémoire, Qui fais marcher partout l'effroi devant leurs pas?

LA FRANCE.

Ah I Victoire, pour fils n'ai-je que des soldats? La gloire qui les couvre, à moi-même funeste. Sous mes plus beaux succès fait trembler tout le reste ; Ils ne vont aux combats que pour me protéger. Et n'en sortent vainqueurs que pour me ravager. S'ils renversent des murs, s'ils gagnent des batailles, Ils prennent droit par là de ronger mes entrailles : Leur retour me punit de mon trop de bonheur, Et mes bras triouiphauts me déchirent le cœur. A vaincre tant de fois mes forces s'affaiblissent : L'Etat est tlorissaut, mais les peuples gémissent; Leurs membres décharnés courbent sous mes hauts faits, Et la gloire du troue accable les sujets *.

Voyez autour de moi que de tristes spectacles I Voilà ce qu'en mon sein enfantent vos miracles.

Quelque encens que je doive à votre fermeté Qui vous fait en tous lieux marcher à mon côté. Je me lasse de voir mes villes désolées,

1. Voltaire remarque que, trente ans après, ces mêmes vers, imités et affaiblis par Campistron dan» son Tiridate, furvnt défendu! par la policei C'est qu'aloM ila étaient plus vraii «ncor*! it trop vraigi

�� �