SUR PERTHARITE 339
Si vous ne m abusez, votre cœur vous abuse. L'iucoustance jamais. n'a de mauvaise excuse; Et, comme l'amour seul fait le ressentiment, Le moindre repentir obtient grâce à l'amant.
ÉDiJIGE.
Quoi qu'il puisse arriver, donnez-vous cette gloire D'avoir sur cet ingrat rétabli ma victoire ; Sans songer qu'à me plaire exécutez mes loi*, Et pour l'événemeut laissez tout à mou choix : Soutirez qu'eu liberté je l'aime ou le uéglige. L'amant est trop payé quand sou sei'vice oblige; Et quiconque en aimant aspire à d'autres prix N'a qu'un amour servile et digne de mépris. Le véritable amour jamais n'est mercenaire, 11 n'est jamais souillé de l'espoir du salaire, 11 ne veut que servir, et n'a point d'intérêt Qu'il n'immole à celui de l'objet qui lui plaît. Voyez donc Grimoald, tâchez à le réduire; Faites-moi triompher au hasard de vous nuire : Et, si je prends pour lui des sentiments plus doux , Vous m'aurez faite heureuse, et c'est assez pour vous. Je verrai par l'elTort de votre obéissance Où doit aller celui de ma recounaissance. Cependant, s'il est vrai que j'ai pu vous charmer, Aimez-moi plus que vous, ou cessez de m'aimer : C'est par là seulement qu'où mérite Ediiige. Je veux bien qu'on espère et non pa.=: qu'on exige. Je ne veux rien devoir; mais, lorsqu'on me sert bien, On peut attendre tout de qui ne promet rien i.
Resté seul, Garibalde dévoile le fond de son âme, tout égoïste :
Je t'aime, mais enfin je m'aime plus que toi 2.
S'il est amoureux ou s'il feint de l'être, c'est par ambition : ce duc voudrait être roi. Par ses perfides conseils il essaye de faire descendre Grimoald à son niveau; mais Grimoald les écarte avec une dédaigneuse magnanimité :
Je hais l'art de régner qui se permet des crimes...
Le pouvoir absolu n'a rien de redoutable
Dont à sa conscience un roi ne soit comptable *. .
1. Pertharite, II, 1.
2. Acte II, «c. ï.
3. Acte II, se. 4.
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