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ACTE V, SCENE I 3S9

Je les connais, Madame, et j'ai vu cet ombrage Détruire Antiochus et renverser Carthage. De peur de choir comme eux, je veux bien m'abaisser, 1525 Et cède à des raisons que je ne puis forcer. D'autant plus justement mon impuissance y cède, Que je vois qu'en leurs mains on livre Nicomède. Un si grand ennemi leur répond de ma foi ; C'est un lion tout prêt à déchaîner sur moi. 1530

��C'est de quoi je voulais vous faire confidence : Mais vous me ravissez d'avoir cette prudence.

que le caractère et la destinée dépendaient de cette coïncidence, et ascendant prit le sens d'influence sidérale, et ensuite le sens général d'influence.

El régnez sur les cœurs par un sort ilépemlant

Plus (le votre vertu que «le votre ascendant (Rotroa, Venceslas, I, 1.)

1523. S'il les connaît si bien et depuis si longtemps, comment se fait-il qu'à la même Arsinoé il ait déclaré n'avoir vu que des vertus à Rome?

1524. Andrieui propose de lire :

Je connais les Romains et je sais leurs maximes; Carthaçe, Antioctius en ont clé victimes.

C'est sans doute qu'il a trouvé étrange, comme Voltaire, cette double locution d'un ombrage qui détruit, et qui détruit une personne. Sur le mot ombrage, voyez la note du v. toi l. Quant à détruire, nous avons déjà remarqué qu'on employait au xvii* siècle ce vers en parlant des personnes, à propos du v. 98 de Cinna : J'attendrai da hasard qa'il ose le détruire.

1525. Choir a vieilli; Corneille ne distinguait pas entre choir et tomber :

Toat va choir en ma main ou tomber dans la vôtre.

1520. Que je ne puis forcer, que je ne puis vaincre. Ce verbe a très souvent ce sens chez les tragiques de la première moitié du .wii' siècle.

1530. Attale est-il sincère en parlant ainsi? Il est difficile de le croire après le monologue qui a terminé le quatrième acte, et après les réflexions amèrement pénétrantes qu'il vient de faire sur la politique des Romains. 11 est probable qu'il a déjà pris la résolution de délivrer son frère ; mais pour que cette résolution n'avorte pas, il faut que la vigilance d'Arsinoé soit endormie. Malgré tout, comme nous connaissons l'humeur changeante d' Attale, le dénouement prochain reste obscur; il en sera d'autant plus saisissant quand il éclatera tout à coup. — Aux yeux de M. Desjardins, l'auteur un peu systématique de Corneille historien, ces deux derniers vers sont trouvés comme des traits de génie. C'est plus qu'une vérité, c'est une découverte; c'est un de ces éclairs qui illuminent soudain toute une époque de l'antiquité. Corneille eût été surpris peut-être qu'on y vit tant de choses. Assurément il a pu se souvenir de Jugurtha opposé par Rome à ses cou- sins Adherbal et Hiempsal ; mais il nous semble qu'ici il ne formule pas de maxime et n'établit pas « de principe fondamental de la politique romaine ». Cette poli- tique variait selon les circonstances, et il s'agit ici d'un castres particulier. Rome tenait en réserve Attale pour l'opposer à Nicomède. La situation a changé; c'est maintenant de Nicomède qu'elle veut s'assurer, comme d'un épouvantai! aux veux d'Attale. Celui-ci, dont les yeux se sont ouverts, le comprend et le dit. Historique- ment la vue de Corneille peut être profonde; dramatiquement ces vers ne prou- vent que la pénétration d'AttnIe.

1532. Arsinoé, qui ne connaît pas les Romains moins bien qu'Attalc, s'apprêtait i l'avertir des dangers auxquels il courait imprudemment; sa surprise et sa joie

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