ACTE IV, SCÈNE III . 295
Et je ne veux pas voir cette haine éternelle,
Ni que des sentiments que j'aime à voir durer
Ne régnent dans mon cœur que pour le déchirer.
J'y veux mettre d'accord l'amour et la nature, 1315
Être père et mari dans cette conjoncture...
NICOMÈDB.
Seigneur, voulez-vous bien vous en fier à moi? Ne soyez l'un ni l'autre.
PRUSIAS.
Et que dois-je être?
NICOMÈDB.
Roi. Reprenez hautement ce nolde caractère. Un véritable roi n'est ni mari ni père; 1320
11 regarde son trône, et rien de plus. Régnez; Rome vous craindra plus que vous ne la craignez. Malgré cette puissance et si vaste et si grande, Vous pouvez déjà voir comme elle m'appréhende, Combien en me perdant elle espère gagner, 132a
Parce qu'elle prévoit que je saurai régner.
��1313. Je ne veux pas voir cette haine, ni que... Sur cette rupture de construc- tion, voyez la note du v. 18.
1316. Il veut être tout cela à la fois ; le veut-il bien sincèrement? En tout cas, il n'y réussira pas. — En cette conjoncture, ii Ce mot, qui, selon Borcl, s'est mon- tré dans notre langue du temps de Catliorine de Médicis, a été longtemps à s'ac- climater. Vaugelas nous apprend qu'à l'époque du cardinal du Perron et do Malherbe, « on n'osait pas encorcs'en servir librement ». Il parait que ccrlaincs personnes essayaient de le franciser en disant conjointure, ce que le même gram- mairien blâme fort. » (M. Marty-Laveaux.)
1318. L'un ni l'autre, pour ni l'un ni l'autre; le premier ni est, pour ainsi dire, contenu dans la négation ne.
1322. (i II n'y a peut-être rien de plus beau dans les meilleures pièces de Cor- neille. Ce vrai sublime fait sentir combien l'ampoulé doit déplaire aus esprits bien faits. Il n'y a pas un mot dans ces quatre vers qui ne soit simple et noble, rien de trop ni de trop peu. Je ne connais point dans les anciens de passage que l'em- porte sur celui-ci. Nicomède insulte ici un peu son père, mais Prusias le mé. rite. » (Voltaire.) Corneille a dit ailleurs :
Ce n'est pas être roi que de ne régner pas (Sophonishe, III, 2.)
1,6 trône a d'autres droits qae ceux de,la aalure. (Œdipe, 111 2.
Un roi doit l'ouvoir tout, et ne sait pas bien l'être
Quand au foml de son cœur il soufl'ie un aulre maitre...
Quand les devoirs couimun? onl <rimi)0i lunes lois,
La majesté du trône en dispense les rois (Pcrtharite, IV, 3, 6.)
Le trône met une âme au-dessus des tendresses [Tite, I, 1.)
1323. \ar. Elle qui vous menace, elle qui vous gourmnnde,
Voyez-vous pas déjà comme elle m'appréhende ? (1651-66.)
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