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ACTE QUATRIÈME

��SCENE I. PRUSIAS, ARSINOÉ, ARASPE.

PRUSIAS.

Faites venir le Prince, Araspe.

{Araspe rentre.)

Et vous, Madame, Retenez des soupirs dont vous me percez l'àme. Quel besoin d'accaliler mon cœur de vos douleurs, 1125

Quand vous y pouvez tout sans le secours des pleurs ?

1123. « Arsinoé joue iirécisément le rôle de la femme du Malade imaf/inaire, et Prusias celui du malade qui croit sa femme. Très souvent des scènes ti'jigiques ont le même fond que des scènes de comédie : c'est alors qu'il faut faire les plus grands efforts pour fortifier par le style la faiblesse du sujet. On ne peut cacher entièrement le défaut, mais on l'orne, on l'embellit par le charme de la poésie : ninsi ilans Mithridate, dans Britarinieus. » (Voltaire.)— « La comédie et la tragédie sont douées d'humeurs très différentes, mais un lien de parenté les ra|)proche, ainsi qu'un même but, l'imitation de l'humanité. Pourquoi supposer entre elles une si forte antipathie, qu'il suffise qu'une invention ait réussi chez l'une pour que l'autre la proscrive? Est-ce que les mêmes causes ne peuvent pas produire des effets très divers? Est-ce que des caractères semblables mis en jeu dans des situations, dans ries fortunes différentes, ne pourront pas tantôt imprimer la ter- reur, tantôt offrir un spectacle risible? Oue Néron se cache pour épier l'entretien de son rival avec Junie, le stratagème pourrait venir à la pensée d'un jalouï de comédie ; mais c'est ?\éron qui écoute, mais d'un mot. d'un geste, d'un regard dé- pend la vie de Britannicus. Arsinoé est une Béline couronnée. Est-ce qu'on n'a ja- mais vu dans les palais des rois une marâtre abuser de l'art de séduire, et fasci- ner un vieux mari pour ruiner les enfants du premier lit? Comment périrent Britannicus et Octavie? Agrippine détourne un héritage impérial : Beline manœu- vre, intrigue, pour s'emparer de la succession d'un bourgeois. L'une appauvris- sait une famille, l'autre a changé le sort de l'empire et du monde. Les ruses sont les mômes, les théâtres sont différents. Ne faisofis pas un reproche à Corneille d'avoir préparé un modèle pour Molière. Louons-le bien plutôt d'avoir achevé son tableau historique. Ce roi avili, sous le commanilement des Romains, devait être asservi à l'empire d'une femme dans sa maison. 11 faut qu'il subisse tous les genres d'esclavage, et l'historien légitime cette invention de Corneille. » (Naudet.)

1124. Dont, par lesquels.

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