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232 NICOMÉDE

��PRUSIAS.

��Je ne les vois que trop, et sa témérité

N'est qu'un pur attentat sur mon autorité :

11 n'en veut plus dépendre, et croit que ses conquêtes 37S

Au-dessus de son bras ne laissent point de têtes;

Qu'il est lui seul sa règle, et que sans se trahir

Des héros tels que lui ne sauraient obéir.

��C'est d'ordinaire ainsi que ses pareils agissent :

A suivre leur devoir leurs liants faits se ternissent, 380

Et ces grands cœurs, entlés du bruit de leurs combats.

Souverains dans l'armée et parmi leurs soldats,

Font du commandement une douce habitude.

Pour qui l'obéissance est un métier bien rude.

PRUSIAS.

Dis tout, Araspe, dis que le nom de sujet 385

Réduit toute leur gloire en un rang trop abjet; Que, bien que leur naissance au trône les destine,

��374. Voyez faire un attentat sur, aus vers 849 et 1517.

377. Var. Des héros lel<! que lui ne sauraient obéir.

Par ce lâche ilevoirses haut? faits se ternissent.

— C'est «rordinaire ainsi qup ses pareils agissent ;

Ces jeunes cœurs, enfles du bruit de leurs combats... (16.")l-56.)

380. Ce n'est pas là une affirmation absolue qu'il faille prendre au pied de la lettre. Le sens est: il leur semble que suivre 1 ur devoir, ce serait ternir l'éclat de leurs hauts faits.

381. u Des cœurs enflés de bruit sont .'lussi tolérables que des tètes au-dessus des bras. » (Voltaire.) — « Corneille ne dit point des cœurs enflés de bruit ; il dit : des cœurs enflés du bruit de leurs combats. Bruit est lu pour gloire, renommée ; et la renommée, la gloire, le bruit des louanges, enflent le cœur. D'ailleurs, eiiflé est pris métaphoriquement ponr glorieux, orgueilleux ou enorgueilli ; et si l'on ne dit pas un cœur enorgueilli de bruit, on dit fort bien néanmoins : un cœur enorgueilli du bruit de ses combats. » (Clément. Sixième lettre à M. de Vo'taire.) C'est, à peu de chose près, ce que dit Palissot. Bruit dans le sens de renommée est fré- quent, en effet, chez Corneille. Enflé, dans cette acception métaphorique, ne l'est pas moins, et chez notre poète et chez les autres écrivains : » Enflés de leur vic- toire... » (Pompée, II, 4.1 — u Enflé d'une nouvelle,.. » (Molière, don Garde, II, 1.) Il — Enflés d'une si belle origine, ils se croyaient saints par nature et non par grâce.» (Bossuet, Hist.,\\, 5.)

383. Il faudrait ici, ce semble, non pas font, mais se font.

386. Au V. 66. on a vu réduire à l'hymen. Voltaire conteste qu'on puisse dire réduire en. On disait pourtant au xvii" siècle, même en yirose, réduire en ou dans. u La ville est réduite dans une grande misère. » (Fénelon, Vies des anciens philo- sophes, Bias. ) — « C'est beaucoup que je ne sois pas réduite dans un lit. » (M™» de Maintenon, Lettre au duc de Nouilles.) — Sur abJet pour abject, voyei la note du v. 65.

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