210 NICOMÊDE
Que si notre fortune à ma perte animée
La prépare à la cour aussi bien qu'à l'armée,
Dans ce péril égal qui me suit en tous lieux,
M'envierez-vous l'honneur de mourir à vos veux? 110
��Non, je ne vous dis plus désormais que je tremble, Mais que, s'il faut périr, nous périrons ensemble.
Armons-nous de courage, et nous ferons trembler Ceux dont les lâchetés pensent nous accabler. Le peuple ici vous aime, et hait ces cœurs infâmes ; iio
Et c'est être bien fort que régner sur tant d'âmes. Mais votre frère Attale adresse ici ses pas.
KICOMÈDE.
Il ne m'a jamais vu : ne me découvrez pas.
primer toute poésie. Ainsi Andrieux est raisonnable et prosaïque, bien qu'il ait conservé la métaphore :
Trois sceptrps, que pour lui vient d'acquérir mon bras, Lui pIai<leront ma cause et ne se tairont pas.
107. Lekain observe qu'il faudrait la fortune au lieu de notre fortune, puis- qu'il s'agit de destin, et il propose :
Ou bien si la fortune à ma perte animée...
Notre fortune équivaut à : notre mauvais destin, s'acharnant à ma perte. 110. Envier a ici le sens du latin invidere, refuser :
Ah ! destins ennemis. Qui m'e«Dicz le bien que je m'étais promis ! [Rodogune, lf.22.) De voire lieutenant m'enuierics-vous le nom ? (Scrlorius, III, 2.) Pourquoi m'enuieî-voas l'air que vous respirez ?
(Racine, Bérénice, IV, B.)
112. u La réponse de Laodice n'est-elle pas un peu trop g-içantesque ? Ce n'est pas avec ce beau sang-froid qu'une femme envisage la mort de son amant. Si c'est un héroïsme, il est outré et ne va point au cœur. » 'Lekain.) Cette criti- que serait fondée si Laodice avait toujours parlé sur ce ton; mais elle vient d'exprimer ses inquiétudes sincères, et c'est peu à peu qu'elle s'est laissé ga- gner par cette contagion de l'héroïsme de Nicomède.
1 13. S'armer de, au figuré, est une des locutions les plus familières à Corneille :
Armez-vous de constance, et montrez-vous ma sœur. (Horace, 517.) 11 s'arme en ce besoin de générosité. {Ibid., 981.)
114. Les lâchetés : Corneille aime ces pluriels abstraits. Ceux dont les lâchetés pensent nous accabler, ceux qui pensent nous accabler par de lâches artifices.
116. a On doit remarquer, à la fin de cette scène, qu'elle suffit à donner nu spectateur tous les éclaircissements nécessaires sur les circonstances ou sont pla- cés les personnages les uns à l'égard des autres, et pour lui inspirer une curio- sité inquiète. Tous les périls environnent et menacent les deux amants, et leur fier courage nous attache à leur fortune. » (Xaudet.)
117. Adresse ici, dirige de ce côté ses pas :
Où faut-il que ma rage adresse ma poursuite? (Clilandre, 103V.)
118. « Il serait mieux, à mon avis, que Nicomède apportât quelque raisort qui
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