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202 NIGOMEDE

Quelques biens toutefois que le Ciel me renvoie,

Mon cœur épouvanté se refuse à la joie :

Je vous vois à regret, tant mon cœur amoureux

Trouve la cour pour vous un séjour dangereux. 10

Votre marâtre y règne, et le Roi votre père

Ne voit que par ses yeux, seule la considère,

Pour souveraine loi n'a que sa volonté :

Jugez après cela de votre sûreté.

La haine que pour vous elle a si naturelle do

A mon occasion encor se renouvelle.

Votre frère, son fils, depuis peu de retour...

NICeiIÈDE.

Je le sais, ma princesse, et qu'il vous fait la cour.

7. Il semble qu'ici wi'enBoiesoitreipression juste. Est-ce seulement pour faire le vers que Corneille a écrit me renuo/e? Mais il lui était facile d'écrire : que le destin m'envoie. Landice veut-elle parler de IS'icoraède, que le Ciel lui renvoie de l'armée ? Cela est peu probable. Il vaut mieux expliquer, avec M. Littré, ren- voyei- par envoyer de nouveau. Mais M. Littré ne cite que cet exemple. Envoyer de nouveau ne serait même pas fort intelligible ici , puisque Laodicc, dans la situation difficile ou elle est placée, ne peut se dire comblée de biens par le Ciel. Il faut comprendre : envoyer en sens contraire {rursus), en revanche des tristessps passées.

8. Chimène, Emilie, Pauline, Rodogune, malgré leur force d'âme, sont toutes agitées de ces inquiétudes vagues et de ces tristes pressentiments; c'est par là qu'elles sont le plus femmes.

9. Yar. Je tous vois à regret, tant ce eœnr amourenx... (1651-56. )

15. On remarquera cette construction du verbe avoir suivi d'un adjectif, vrai latinisme, dont M. Godefroy. dans son Lexique d.e Corneille, cite cet autre exemple : « Le duc de Savoie commença à munir de garnisons toutes les places fortes qu'il avait voisines des troupes françaises. » (Richelieu, Mémoires, XX.)

16. A mon occasion, à mon sujet. « Tant de peuples qui ont souffert à votre occasion, les soulagez-vous ? » (Massillon, Carême, Pâques.)

Enfin, tont n'est qa 'horreur et que confusion.

Et tout, et tout, Créon, rf votre occasion. (Rotrou, Antigone, V, 5.)

17. (c Dès le commencement de la scène, ces deux personnages mis en présence, l'un arrivant de l'armée, et l'autre étant resté dans le palais, expliquent d'une manière vraisemblable toutes les circonstances de l'avant-scène , sans entrer dans aucun récit superflu pour eux-mêmes, et qui soit fait seulenn'nt en vue du spectateur. Si cette combinaison n'a pas servi d'exemple à Racine, elle est du moins pareille à l'exposition de Bnjazet. » fNaudet.)

18. Je sais a ici deux régimes de nature aiffi?rente : je sais cela et que La

construction est rompue. Cette tournure est familière à Corneille :

Failes-vous voir sa sœur, et iju'pn un même flanc

Le Ciel vous a tous deux formes d'un même sang. {Borace, 1193.)

Selon Voltaire, faire la cour, dans cette act^eption, est banni du style tragique. C'est pour ce motif, sans dout'^, qu'.\ndrieux. qui a entrepris de corriger Suo- mède, remplace ce vers par cet autre, bien peu cornélien : Je sais qn'il est ici, qu'il vous offre ses vœax.

C'est ne rien comprendre au ton et au style tout particuliers de cette pièce, ou le tragique sait être familier sans être bas.

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