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INTRODUCTION 1?:}

ne veut pas qn'oii le brouille avec la Hépiiblicjue; iiuiis il con- sent, volontiers que les autres se brouillent avec elle, et au besoin il y aide. Sinon, pour([uoi n'impose-t-il pas silence à son fils maladroit? pourquoi senible-t-il, au contraire, en traitant Mcomède comme un enfant déraisonnable, s'al lâ- cher à irriter son or^uieil et à le pousser en aviuil? pourcpioi l'arrète-l-il seulement (piand une plus lonj^'ue tolérance pour- rait seml)ler une complicité? pouiquoi enlln, même alors qu'il l'arrête, cette interrogation qui ressemble bien à une provocation nouvelle :

A'avez-vous, Nicouiède, k lui dire autre chose * ?

Dans celte scène admiiable, c'est JNicomède qui a le beau rôle, mais c'est Prusias qui triomphe en secret. 11 serait excessif de prétendre que tout chez Prusias soit étudié, que pailout et toujoui's il joue double jeu. Non, il y a en lui quelque chose de tout à fait sincère, c'est sa lâcheté ; elle lui appartient bien en propre, et il ne laisse passer aucune occa- sion de l'étaler au grand jour. Il a peur de Nicomède, il a peur de Klaniinius, et un peu d'Arsinoé. De là son attitude au (piatriéme acte. En face d'Arsinoé, qu'il aime et qu'il craint, décidé d'avance à se prononcer en sa faveur, s'il faut enfin se prononcer, il est plulôt l'accusateur que le juge de Mcomède. Keslé seul avec Nicomède, il change de ton, et la comédie de la tendresse paternelle recommence, plus brève, il est vrai, cette fois, et aboutissant vite à une explosion de colère, car c'est là une autre face de carac- tère : il est d'autant plus vi(dent qu'il est |dus faible. Ar- sinoé, qui le connaît, nous en a préveims dés le piemier acte, lorsqu'elle nous découvre le plan du complot tramé contre Nicoméde :

S'il est prompt et bouillaut, le roi ne l'est pas moius 2.

Là-dessus, quelques critiques se récrient. Prusias <( bouil- lant » ! Ils ont peine à se le figurer, sous ces traits, eux qui réduisent toute sa politique à une sorte de radotage enfan- tin. Mais la faiblesse même suffit à tout expliquer, non seu- lement le manque de sincérité, car « les personnes faibles ne

1. Nicoméde, II, 3. S. Ibid., I, 5.

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