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Hè NICOMÈDE

II

LA TRAGÉDIK

NICOMÈDE, LAODICE, ATTALB

Kst-ce à dire que K icomêde so'il seulement un tableau d'Jji>- toire? A force d'exalter Corneille historien, il ne faudrait pas calomnier Corneille poète dramatique. M. Desjardins va jus- qu'à dire : « C'est à peine une tragédie, tant l'action en est simple et l'intérêt dramatique effacé par l'intérêt historique. Les personnages sont de véritables abstractions et représen- tent des idées, des principes, plutôt qu'ils n'expriment des sentiments individuels en découvrant leurs propres passions*. >> De pareils éloges sont compromettants; Corneille ne les mérite pas. Nous leur préférons encore les critiques de La Harpe, qui, se plaçant à un point de vue tout diiïérent, afiîrme que le drame cornélien n'a rien de vraiment tragique.

« Aucun des personnages, écrit-il, n'est jamais dans un vé- ritable danger. C'est une intrigue domestique à la cour d'un roi vieux et faible, à qui l'on veut donner un successeur. Une helle-mère ambitieuse veut écarter .Mcomède du trône et y placer son fils Altale; les ressorts de l'intrigue sont entre les mains de deux subalternes qui ne paraissent même pas : ce sont deux faux témoins subornés par la reine, et quelle pré- tend subornés par Nicoméde. Il s'agit d'un projet d'empoi- sonnement ; mais l'accusation est si peu vraisemblable, ISico- mede si puissant, si bien soutenu par ses exploits et par la faveur du peuple ; et, d'un autre côté, la reine a tellement subjugué la vieillesse de Prusias, qu'il est impossible de craindre pour personne. Le dénouement est très défectueux, parce qu'il se trouve à la fin qu'Atlale, mépiisé par Mcomède el traité d'homme sans cœur, fait une aciion de générosité très éclatante, et que tor.l à coup Mcomède lui est redevable de la vie, sans que l'on comprenne bien comment cette vie a été en péril. Joignpz à ces défauts la faiblesse et l'avilissement extrême de Prusias, et l'on conviendra que Voltaire a raison quand il dit que l'auteur aurait dû appeler cet ouvrage « co- médie héroïque », et non pas « tragédie «.

1. Desjardins, Le grand Corneille historien.

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