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INTRODUCTION lîT

ronnée »>, n'a pas le droit de se firomellre ù Xiiiliarès. Tout diffère, et la situalion et le ton. Mais si, nous dérobaDt à la séduction de cette exquise Grecqui," d'Asie, nous nous tournons vers les deux frèies rivaux, Corneille reprend l'avanlage. Ce qui chez lui esl l'essentiei, chez Racine est devenu l'accessoire. Le doux Xipharès pàlil quelque peu auprès de Nicomède. Il est meilleur fils, il est vrai :

Quand mou père parait, je ne sais qu'obéir.

Mais c'est qu'il n'a pas pour père un Prusias ; c'est qu'il peut s'associer avec fierlé aux sentiments et aux projets de ce père glorieux, qui ne cache point sa préférence pour lui. Comme lui, il conserve aux Romains « une haine immor- telle >) ; comme lui, il méprise en Pharnace <( l'esclave des Romains ». Qu'est-il, après tout? La doublure de Mithridatc, le portrait atfaibli d'un père qui lui léguera tout à la fois et son amour et sa haine. Pharnace est moins digne encore d'être comparé au timide, mais honnête Atlale. C'est un fils ingrat qui se réjouit d'apprendre la mort de son père, et s'attriste de son retour imprévu; un frère dénaturé qui dénonce Xi- pharès à la fureur jalouse d'un père rival; un lâche, car à Mithridate frémissant de sa défaite, avide de la venger, il propose froidement de se jeter dans les bras d'un vainqueur « facile à apaiser » ; un traître, car il attend les Romains et séduit les soldats qui les devraient combattre. Monime, qui d'ailleurs hait les Romains autant que Laodice, a tiop de laisonsde le mépriser et de le craindre. Où donc est l'intérêt? il ne peut être ni dans cette trahison vulgaire ni dans la rivalité politique des deux frères : leurs sentiments, en effet, n'ont d'imporlance dramatique qu'autant qu'ils mettent en jeu les sentiments de Mithiidate et de Monime.

expliquons et ne préférons pas; mais, en étudiant cette pièce tout historique et politique, mettons au premier rang des mérites de Corneille ce mérite si rare que personne ne lui refusait. IN'est-ce pas un des plus chaleureux partisans de Racine* qui a écrit de son précurseur : « Laissez-le s'élever parla composition; il n'est pas au-dessous d'Auguste, de Pompée, de Nicomède, d'Héraclius; il- est roi et grand roi, il esl politique, il est philosophe. Il peint les Romains ; ils sont plus grands et plus Romains dans ses vers que dans leur his- toire » ?

i. La Bruyère, des Jugement*

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