Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

INTRODUCTION !:'-

ulluin parem Romanis esse K » 11 a légué à son disciple Mco- niède la fière habitude

D'estimer beaucoup Rome, et ne la craindre point 2.

Une âme telle que celle de Niconiède doit sentir ce ([u'il y a de grand dans celte résolution arrêtée de conquérir le monde, dans cette ferme croyance à la for(une illimitée de la république, impcrium sine fine. Moins pénéreux, Flaminius sait pouilanl lionorer en Nicomt'de un noljle advei'saire, et lui promet, sinon l'amitié, du moins l'estime du sénat :

A ce défaut, vous aurez sou estime, Telle que doit l'attendre un cœur si magnanime ^.

C'est dans ces nuances surtout que l'art de Corneille est admirable. 11 était plus facile de forcer l'antilhèse, de peindre en Flaminius un intrigant vulgaiie, redouté par Prusias, mé- prisé par INicomède, et en Nicomède un prince intraitable, qui, au lieu de demander aux Romains une paix honorable, repousse de très haut l'idée de tout compromis, chasse hon- teusement leur ambassadeur, et accepte, appelle avec joie la guerre. Dans une tragédie dont certaines situations ne sont pas sans analogie avec celles de NicoinèdcK Crébillon met cette réponse altiére dans la bouche de Pharasmane, roi d'ibéiie, à qui l'ambassadeur romain vient d'annoncer la « volonté suprême » d'un peuple « maître de tant de rois » :

Quoique d'un vain discours je brave la menace, Je l'avouerai, je suis surpris de votre audace. De quel front osez-vous, soblat de Gorbulou, M'apportcr dans ma cour les ordres de Néron? Et depuis quand croit-il qu'au mépris de ma gloire, A ne plus craindre Rome instruit par la victoire. Oubliant désormais la suprême grandeur, J'aurai plus de respect pour son ambassadeur; Moi qui, formant au joug des peuples invincibles, Ai tant de fois bravé ces Romains si terribles. Qui fais trembler encor ces fameux souverains,

1. Tite-Live, XXXIV, 60.

2. Ni<omède, II, 3.

3. Nicomède, V, 9.

4. il y a là aussi deux frères, dont l'un, Rhadamiste, sert Rome comme ambas- sad -iir, et paraît à re titre devant son père Pharasmane, qui ne le reconnaît pas; dont l'autre, Arsame, est un prime indépendant, qui a quitté l'armée sans l'auto- risation de son père pour accourir près de Zénobie.

�� �