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ACTE I, SCÈNjE III 17

Ce n'est pas que je veuille, en vous parlant contre elle,

Rompre les sacrés nœuds d'une amour fraternelle; 230

Du trône et non du cœur je la veux éloigner,

Car c'est ne régner pas qu'être deux à régner :

Un roi qui s'y résout est mauvais politique;

Il détruit son pouvoir quand il le communique,

El les raisons d'Etat... Mais, Seigneur, la voici. 235

��SCENE III

PTOLOMÉE, CLÉOPATRE, PHOTIN,

CLÉOPATRE.

Seigneur, Pompée arrive, et vous êtes ici!

PTOLOMÉE.

J'attends dans mon palais ce guerrier magnanime. Et lui viens d'envoyer Achillas et Septime.

CLÉOPATRE.

Quoi? Septime à Pompée, à Pompée Achillas!

PTOLOMÉE.

Si ce n'est assez d'eux, allez, suivez leurs pétô. 240

CLÉOPATRE.

Donc pour le recevoir c'est trop que de vous-même ?

230. Amour est ici féminiQ, comme ea beaucoup d'autres passages de Corneille :

Mais excusez l'ardeur d'nne amour fraternelle. {Horace, 115.)

Quand vous ferez astir toute l'autorité

De rameur conjugale et de la paternelle... {Agéiila», 921.)

Vaugelas avait écrit d'abord dans ses Remarques, publiées en i647, qu'il était indifférent de faire ce mot masculin ou féminin, mais qu'il pen'-hait vers le féminin, « selon rinclination de notre langue 'i. En 1672, dans ses Obseroations, il constate qa amour n'est plus que masculin dans la prose, mais reste des deux genres dans la poésie, quoique là même il soit plutôt masculin.

234. Quand il le communique, quand il le partage avec quelqu'un ; latinisme.

238. Et lui viens d'envoyer, tournure familière à tous les écrivains du XTii" siècle et plus vive que : Je viens de lui envoyer. Voyez des coastructions semblables de le et de me aux v. 404, 1544, 1665, 1756.

239. (I Ce vers en dit plus que vingt n'en pourraient dire. La simple expo- sition des choses est quelquefois plus énergique que les plus grands mouvements de l'éloquence. Vi.ilà le véritable dialogue de la tragédie ; il est simple, mais plein de force ; il fait penser plus qu'il ne dit. » (Voltaire.)

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