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ACTE I, SCÈNE I 67

Le défendrez-vous seul contre tant d'ennemis?

L espoir de son salut en lui seul était mis;

Lui seul pouvait pour soi : cédez alors qu'il tombe.

Soutiendrez-vous un faix sous qui Rome succombe, 70

Sous qui tout l'univers se trouve foudroyé,

Sous qui le grand Pompée a lui-même ployé?

Quand on veut soutenir ceux que le sort accable,

A force d'être juste on est souvent coupable;

Et la fidélité qu'on s"arde imprudemment, 7S

Après un peu d éclat, ti'aîne un long- châtiment,

Trouve un noble revers, dont les coups invincibles,

Pour être glorieux, ne sont pas moins sensibles.

Seigneur, n'attirez point le tonnerre en ces lieux- 80

Rangez-vous du parti des destins et des dieux, Et, sans les accuser d'injustice ou d'outrage. Puisqu'ils font les heureux, adorez leur ouvrage;

67. Pompeii nunc castra placent gux deserit orbis ? (Lueain, Vlfl, B32 ;

69. Vaugelas et la plupart des grammairiens qui l'ont suivi' n'admettent pas cet emploi de sot lorsque le sujet est un nom de personne déterminé. MM Martv- Laveaux et Littre soi.t d'un avis opposé, et M. Godefroy. dans son Lexiaue prouve que cet emploi ancien de soi s'est longtemps soutenu. En tout cas il est familier à Lorn^ille : '

Il épargne ses fils bien souvent pour soi-même. {Borace, 1436.) Qu'il fasse autant pour soi comme je fais pour lai. {Polyeucte, '912.) Le prince Antiochns, devenu nouvean roi, Sembla de tous cotés traîner l'tieur après soi. (Rodogune, 64.)

70. Qui, ainsi employé pour lequel et se rapportant à un nom de chose, est très usité rhez Molière aussi bien que chez Corneille, mais a été condamné Dar M Chass'an- °^294 ags'*"'""'^ ^^"^ '^' grammairiens. Voyez la Gram maire ^<•

Tu, Ptolemge. potes Magni fulcire ruinam Sub qua Roma cadit (Lueain, VIIL o28-S29.}

71. Un faix ne foudroie pas, remarque Voltaire; c'est une image incohérente. 76. Jîjs et fas mnltos faciunt, Ptolemœe, nocentes.

Bat pœnas laudata fides, quum sustme, inrmit Quos Fortuna premit (Lncain, VIII, i84-i86.)

foill'N* "" f-/>"P n'fst pas invincible, parce qu'un coup ne combat pas. » (Vol- taire.)- « Un obstacle ne combat pas non plus, et pourtant un obstacle est invincible; ce sont là des expressions consacrées et d'un usage trop commun pour quon les puisse contester. » (M. Marty-Laveaui.) Palissot^avait d^ii faU la même réponse a la critique trop méticuleuse de Voltaire, mais s'il défendait le mot mcmcibles x\ avouait et l'on peut avouer après lui que les coups inJincbles d un reier* sont une expression vicieuse. <^uupi inmncioies

idt ^""'■p'^*^ ylorieux parce qu'ils sont glorieux, tour plus vif et plus poé- tique, que Cornedle aimait : . t- 1/ us poc-

Pour aimer un mari, l'on ne hait pas ses frères. {Horace. 900.)

Pour être plus qu'un roi, ta te crois quelque chose. (Cinna, 137.) <

toa/;.^cM^^'"'^r^'"^!J ""■'f^^ {"^<m) c'est tout ce qui outrepasse les bornes, tout eïces d injustice, d'orgueil ou de violence.

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