Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/549

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE V, SCÈNE IV. JOS

TIMAGÈNB .

Seigneur, que faites-vous?

ANTIOCHUS .

je sers ou l'une ou l'autre, et je préviens ses coups. 4690

GLÉOPATRB •

fivez, régnez heureux.

ANTIOCHUS.

Otez-moi donc de doute. Et montrez-moi la main qu'il faut que je redoute, ^ui pour m'assassiner ose me secourir. Et me sauve de moi pour me faire périr.

Puis-je vivre et traîner cette gône éternelle, ^696

Confondre l'innocente avec la criminelle. Vivre, et ne pouvoir plus vous voir sans m'iilarmer, Vous craindre toutes deux, toutes deux vous aimer? Vivre avec ce tourment, c'est mourir à toute heure. Tirez-moi de ce trouble, ou souffrez que je meure, 1700

Et que mon déplaisir, par un coup généreux, Épargne un parricide à l'une de vous deux.

CLÉOPATRE .

Puisque, le même jour que ma main vous couronne, Je perds un de mes fils, et l'autre me soupçonne,

��1695. Var. « Puis-je vivre et traîner le soupçon qui m'accable.

Confondre l'innocente avecque la coupable? i (1 647-56). « On ne traîne point une gône. Mais le discours d'Antiochus est si beau que cette légère faute n'est pas sensible. » (Voltaire.) Voyez le verbe yêner aux V. 18, 267 et 1053. ■ Gêner, dit M. Marty-Laveaux, vient de gehenna, qui, dans le Nouveau Testament, désigne l'enfer, par allusion à la vallée de Geennom, voisine de Jérusalem, et où les Juifs, qui y avaient adoré les idoles, auxquelles ils immolaient leurs propres enfants, établirent ensuite une voirie. Nioot ex- plique ce mot, qu'il écrit geine, géhenne ou genne, par torture ou question ; c'est, en effet, le sons qu'il avait alors au propre, ce qui en faisait une expression figurée d'une très grande énergie. » On peut donc le dire avec M. Qeruzei : cette « légère faute i est une beauté qui rappelle le trait de Virgile : lucturti- qut trahentes

nOl. Selon Voltaire, il faudrait désespoir plutôt que déplaisir. Cela est vrai ; mais, au xvii« siècle, déplaisir pouvait sembler aussi énergique que déses- foir; voyei les v. 90 et 1814.

1702. ( On ne se sert pas seulement du mot parricide pour signifier celui qui a tué son père, comme la composition du mot le porte, mais pour tous ceux qui commettent des crimes énormes et dénaturés de cette espèce, tellement qu'on le dira aussi bien de celui qui aura tué sa mère, son prince, ou trahi sa patrie, que d'un autre qui aurait tué son père; car tout cela lient lieu de père. » (Vau- gelas, Remarques.) Or ici, observe M. Marty-Laveaux, c'est Antio' hus qui parle : fils de Cléopfttre, amant de Rodoguno, il est souverain de toutes les deux. De même dans Cinna, la conspiration, dirigée contre Auguste, est appelée ua » parricide » ; de même Stratonice appelle « parricide » Polyeucte, ennc^mi de l'Etat et des dieux. Mais, comme l<j fait observer Henri Hstienne dans son Apit- logie pour Hérodote, « souvent la signification de ce mot s'étend plus avant; » il désigne alors, non plus Molement, comme dans Horace, ce que nous appelle- rioDs un fratricide, maiî tmit crimeparticuliL-remeiit éoL'ima.

n03. Que pour mi; vuyM l« T.IHL

�� �