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190 RODOGUNE.

Le peuple tout ravi par ses vœux le devance,

Et pour eux à grands cris demande aux immortels

Tout ce qu'on leur souhaite au pied de leurs autels, 4550

Impatient pour eux que la cérémonie

Ne commence bientôt, ne soit bientôt finie.

Les Parthc'S à la foule aux Syriens mêlés,

Tous nos vieux différends de leur âme exilés,

Font leur suite assez grosse, el d'une voix commune 4555

Bénissent à l'envi le prince et Rodogune.

Mais je les vois déjà : Madame, c'est à vous

A commencer ici des spectacles si doux.

��SCENE m

CLÉOPATRE, ANTIOCHUS, RODOGUNE, ORONTE, LAONIGE, Troupe de Parthes et de Syriens.

CLÉOPATRE.

Approchez, mes enfants : car l'amoui- maternelle,

1548. Voltaire trouve que ce vers « est un pea trop du style de la comédie » ; mais il ajoute : « Il ne faut pas croire que ces petites négligences puissent di- minuer en rien le grand intérêt de cette situation, la majesté du spectacle et la beauté de presque tout ce cinquième acte. *

1553. « Il faut en foule, » dit Voltaire. C'est un ari.-haïsme. M. Littré cite cet exemple d'Amyot : « Bt y avoit des sergens tenans des basions en leurs mains, pour faire retirer ia presse et serrer ceulx qui se jettoroient à la foule trop en ayant par les carrefours.» {Paul Emile, 55.) — * A la foule, adv.; entrer à la foule, sortir à la foule. » (Richelet, 1680.) — • Cette locution à la foule commençait à veillir à l'époque où parut le iJictionnaire de Richelet; car Cor- neille l'avait dpjà supprimée de plusieurs de ses premières pièces oix il l'avait d'abord employée. Le passage de Rodogune lui a sans doute échappé dans sa revision » (M. Marty-Laveaux.) Ce récit rappelle 4 M. Goruzez celui de Cléone dans A^idroniaqueÇV, ii).

1554. Cette tournure est analogue à l'ablatif absolu des Latins. Enlé, au figuré, comme dans la Rèréniee de Racine : • de votre âme exilée en secret.» (V, 5). — tCe vers, qui forme une proposition absolue, ne se détache pas suf- fisamment et jette sur la phrase quelque obscurité. Ce qui fait dire malignemont à Voltaire « qu'il semble que ces différends soient de la suite.» (M. Geruzex.) Voyez la Gmmmaire de M. Chassang, p. 310.

1559. I Quoi I Après avoir demandé, il y a deux heures, la tète de Rodo- gune, elle leur parle d'amour maternelle! Cela n'est-il pas trop outré? Rodo- gune ne peut-elle pas regarder ce mot comme une ironie? Il n'y a point de réconciliation formelle; lus deux princesses ne se sont point vues.» (Voltaire.) Aussi ne croyons-nous pas que Rodogune soit jamais tout à fait dupe de la feinte affection de Cléopâtre. Sans doute elle aime Antiochus, et l'on peut admettre qu'elle est tout entière à la joie de cette union «i prochaine, si peu espérée. liais souvenons-nous qu'an début delà tragédie, alors que rien ne semble la menacer, alors qu'elle est délivrée et destinée à l'un des fils de la reine, nous l'avon". vue douter et craindre encore. Pendant toute cette scène elle gardera ■oa «ang-l'roid ; Ma parole* sont dignes, mais brèves, peut-être un peu con-

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