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ACTE IV, SCÈNE VII. 183

Mais n'importe; mes mains sur le père enhardies

Pour un bras refusé sauront prendre deux vies;

Leurs jours également sont pour moi dani^ereux :

J'ai commencé par lui, j'achèverai par eux. 1490

Sors de mon cœur, nature, ou fais qu'ils m'obéiîsent :

Fais-les servir ma haine, ou consens qu'ils périssent.

Mais déjà l'un a vu que je les veux punir.

Souvent qui tarde trop se laisse prévenir.

Allons chercher le temps d'immoler mes victimes, H95

1187. Qu'importe et aujourà'hui plus usité dans le style soutenu que n tf pO'le ; maÀs cette distinction n'existait pas au xwf siècle:

N'importe, feiToos-lo, méritoas son amour.

(.Sertoriiii, H, ».)

( Jésus-Christ vient, dit-il, comme un voleur.... comme un voleur, direz-vous, indigne comparaison I N'importe qu'elle aoit indigne de lui, pourvu qu'elle nous effraye, et qu'en nous efifrayant elle nous saufe. » (Bossuet, Oraison funèbre de Ma^ ii-Théi-èse.)

1490. I Jo ue sais si on sera de mon sentiment, mais je ne vois aucons nécessité pr. i'itnte qui puisse forcer Cléopâtre à se défaire de ses deux en- fants. Antiooh is est doux et soumis; Sel-ucus ne l'a point menacée. J'avoue que son atrodté me révolte; et, quelque méchant que soit le genre humain, je ne crois pas qu'une telle résolution soit dans la natur^j. Si ces deux enfants avaient comploté de la faire entermer, comme ils le devaient peut-être, la fureur pouvait rendre Cléopâtre un peu excusable ; mais une femme qui do sang-froid se résout à assassiner un de ses fils et à empoisonner l'autre, n'est pour moi qu'un monstre qui me dégoûte. Cela est plus atroce que tragique. Il faut tou]Ours, à mon ayis.qu'im grand crime ait quelque chose d'excusable.» Cette critique de Voltaire, reproduite et amplifiée par Lessing, a été discutée dans notre Introduction ; elle ne tendrait à rien moins qu'à condamner le ca- ractère de Cléopâtre tout entier, et, par suite, toute la tragédie. Dans lo cas présent, il est certain que Cléopâtre ne réalise pas l'idéal de la mère de famille ; aussi n'est-elle point mère, au sens moral du mot ; toujours et par- tout, elle est et veut rester seulement reine. Si tous ses efforts, depuis le début de la pièce, ne visent qu'à un but, conserver le trône par tous les moyens, si elle trouve tm double obstacle à son ambition dans la vertu et dans l'union de ses fils, on comprend qu'elle veuille supprimer à tout prix cet obs- tacle ; on comprend aussi que, n'ayant pu réussir ni à les désunir, m à les corrouipre, elle songe, de ces mains a sur le père enhardies », à frapper ensemble les enfants. Serait-il vrai qu'aucun danger sérieux ne la menace?

Mais déjà Vun a ru que je les veux punir,

»-t-elle droit de répondre. Dès qu'elle se sent devinée, elle se sent perdue, et ne se trompe pas. L'union de sa lîls va se reformer contre elle ; s'ils respectent la mère, ils désarmeront It. raiuo; leur mort est pour celle-ci la seule issue. Une telle résolution peut être n.onstrueuse; étant donné le caractère de Cléo- pâtre, ello est logique. Nous pouvons en être révoltés, nous n'avons pas le droit d'en être surpris. ClécpnUe, assurément, est une exception ; mais, au point do vue dramatique, il suffit que cette exception ne soit pas impossible, et qui oserait dire qu'elle le soit? C'est une sultane ou une tzarine comme Ihiit 'ire en compte quelfues-'j et.

1494. Quand on peut prévenir, c'est faiblesse d'attendre.

(RoTKou, Cosrois, I, in.)

1495. Le tempii, l'occation favorable : « Un temps bien pris peut tout, » dJf Comeilie dan» Othon (v. 12T7); et dan» Poiyeiiele :

Pourrai-ie (iteuilio \xa lemps i mes vueui si iirupicâT [t. »6t^

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