Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/524

Cette page n’a pas encore été corrigée

m RODOGUNE.

SÉLE UCUS.

De moiT

CLÉOPATRB.

De toi, perfide! Ignore, dissimule 44i5

Le mal que tu dois craindre et le feu qui te brûle; Kt 8i pour l'ignorer tu crois t'en garantir, Du moins en l'apprenant commence à le sentir. Le trône était à toi par le droit de naissance; Rodogiine avec lui tombait en ta puissance; 4 420

Tu devais l'épouser, tu devais être roi I Mais, comme ce secret n'est connu que de moi, Je puis, comme je veux, tourner le droit d'aînesse, Et donne à ton rival ton sceptre et ta inaitresse.

SE LEuaus. A mon frère?

CLÉOPATRE .

C'est lui que j'ai nommé l'aîné. 14"25

SÉLE vc us. Vous ne m'affligez point de l'avoir couronné; Et, par une raison qui vous est inconnue. Mes propres sentiments vous avaient prévenue : Les biens que vous m'ôtez n'ont point d'attraits si doux Que mon cœur n'ait donnés à ce frère avant vous, 1430

Et si vous bornez là toute votre vengeance, Vos désirs et les miens seront d'intelligence.

CLÉOPATllE.

C'est ainsi qu'on déguise un violent dépit; C'est ainsi qu'une feinl/e au dehors l'assoupit,

1415. On voit ici un exemple de ces brusques tutoiements, dont la poésie moderue a usé et même un peu abusé. Jusqu'à présent, Cléopâtre a dit vous à son fils ; mais le tutoiement est comme entraîné par la vivacité passionnée de l'apostrophe.

1430. « N'ait donnés se rapporte auï atlrails si doux ; mais ce ne sont pas les attraits qu'il a donnés à son frère; ce sont les biens. » (Voltaire.)

143-2. Voyez la note du v. 135Î.

1433. Cléopâtre, qui ignore tout, ne peut comprendre la résignation désin- téressée de son fils : un tel mépris du pouvoir lui paraît contre nature; elle n'y voit qu'une feinte. « Est-oUo habile? demande Voltaire. liUe veut trop persuader à Séleucus qu'il doit s'.ilfliger, c'est lui l'aire voir qu'en effet elle veut l'affliger et l'animer contre son frère. » Qu'elle manque d'habileté, on peut le croire; mais veut-elle donc tellement être habile? Ce qui domine en elle, n'est-ce pas la profonde surprise de trouver son fils invulnérable a toutes s. s attaques?

1434. » Qu'est-ce qu'un» feinlc qui assoupit au deliors, et de fausses patien- ces qui amusent ceux dnnl on craint en l'âme des de/ianeesî » (Voltaire.) Les vers de Corneille sont en effet bien contournés et obscurs. En voici une variante un peu plus claire :

C'est aiDsi ({u'au dehors il traîne et s'assoupit,

Et qu'il croit a;iiuser de fausses pHtiencfiS

Ceux dont il veut guérir les justes déflaiices |1647-66|.

M I.iiiri-, qui cite cet exemple, dit qu'assoupir y signifie diminuer moiiieiilii

�� �