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ACTE IV, SCÈNE V. 17f)

Ne W= témoignez rien : il lui sera plus doux ISS.i

D'apprendre tout de moi, qu'il ne serait de vous.

��SCENE V.

CLÉOPATRE.

Que tu pénètres mal le fond de mon courage!

Si je verse des pleurs, ce sont des pleurs de rage,

lit ma haine, qu'en vain f,u crois s'évanouir,

Ne les a fait couler qu'afin de t' éblouir. <390

Je ne veux plus que moi dedans ma confidence

Ht toi, crédule amant, que charme l'apparence.

Et dont l'esprit léger s'atiache avidement

Aux al traits captieux de mon déguisement,

1385. TèmoignT, faire connaître ce dont on a été témoin; voyez au v. 61 ce verbe construit avec de et un infinitif.

1386. Qu'il ne serait de vous, construction elliptique.

1387. « On dit qu'au théâtre on n'aime pas les scélérats. Il n'y a point de criminelle plus odieuse que Cléopâtre, et cependant on se plali à la voir; du moins le parterre, qui n'est pas toujours composé de connaisseurs sévères et délicats, s'est laissé subjuguer quand une actrice imposante ajoué ce rôle; elle ennoblit l'horreur de son caractère par la fierté des traits dont Corneille la peint ; on ne lui pardonne pas; mais on attend avec impatience ce qu'elle fera après avoir prc mis Rodogune et le trône à son fils Anliochus. Si Cor- neille a manqué à son art dans les détails, il a rempli le grand projet de tenir les esprits on suspens, et d'arranger tellement les événements que personne ne peut deviner le dénouement de cette tragédie (Voltaire) ». On aime, après tant de critiques, souvent injustes, à recueillir un éloge aussi vrai. M. Marty- Laveaux ubs rve que les mots : « du moins le parterre, etc., » ne sont pas dans la première édition du Commentaire de Voltaire (1764) et qu'ils ont été ajoutés dans celle de 1774 « probablement après avoir vu M"« Dumesnil dans ce rôle». Sur M"' Dumesml et l'effet qu'elle produisait sur le parterre, voyez la note du V. 1S2C, se. IV de l'acte V. — Cmirnge, même sens qu'aux v. 155, 1134, 1379 :

Si tu pcuTftis aussi pénétrernum courage...

\Vtuve, V. «71. 1

1391. € On a déjà averti qu'il faut dan.<s et non pas dedans. Mais pourquoi ne veut-elle plus de confidente, et pourquoi s'est-elle confiée? Elle ne le dit pas. » (Voltaire.) Sur cledcDts, que Ménage ne juge plus « du bel usage », comme préposition, voyez la note du v. 416. Cléopâtre, s'avise un peu tard, il est vrai, que ses confidences peuvent être dangereuses; mais aussi que la situation a changé I A l'acte II, le secret de la reine mère était et devait être partagé : car elle espérait avoir ses fils, non seulement pour confirlents, mais pour com- plices. Leur refus et l'amour qu'ils témoignent pour Rodogune ont transformé ces confidents en ennemis, dont il faut se défaire .- ainsi menacée de tous côtés et menaçant à son tour, Cléopâtre a quelque raison d'être plus réservée. Si sa première confession a épouvanté Laonice, quel effroi lui causerait la seconde I

1394. « Corneille créa le mot captieux, » dit M. Aimé Martin dans son Elude de la laïu^e di Corneille. M. Marty-Laveaux prouve très bien au con-

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