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ACTE IV, SCÈNE I. IW

Si vous me laissez libre, il faut que je le ven^e;

Et mes feux dans mon âme ont beau s'en mutiner,

Ce n'est qu'à ce prix seul que je puis me donner;

Mais ce n'est pas de vous qu'il faut que je l'altende;

Votre refus est juste autant que ma demande : < 22û

A. force de respect votre amour s'est irahi.

Je voudrais vous iiaïr s'il m'avait obéi,

Et je n'estime pas l'honneur d'une vengeance

ployaient fréqnemmeat le mot étrange dans les situations les plus grayes, les l-'lus pathétiques; an siècle dernier, il était devena assez yulgaire, et ne se disait plus guère que dans le angage familier, en parlant des choses bizarres, surprenantes; de notre temps, il a repris quelque chose de son ancienne va- leur » (Marty-Laveauï, Lexique de Corneille.) Les exemples qu'en cite M. Marty-Laveaux ne nous paraissent point assez probants; nous leur préfé- rons ces vers, si connus, du Cid et de Cinna :

Si près de voir nion feu récompense. Dieu, l'éirange peine I |I, Ti.|

D'un étrange nialheur son destin le menace |V, i.|

1216. « Pourquoi? Elle a donc été sa femme? Mais, si elle ne i'a point été, elle n'est point du tout obligée de venger Nicanor; eiie n'est obligée qu'à remplir les conditions de la pais, qui interdisent toule venj,eance; ainsi elle raisonne fort mal. » (Voltaire.) — « Elle n'a point été sa femme ; mais elle pourrait se croire obligée de venger un prince dont elle était aimée, et à qui elle avait été promise. • (Palissot.)

1217. « Dex feux qui oe mnlinent! cela est impropre, et s'en mutitient est encore plus mauvais. On ne se mutine point de. Mxtliner est uu verbe qui n'a point de régime. Cette scène est un entassement de barbarismes et de solecis- mes autant que d'idées fausses. « (Voltaire.) Voilà de bien gros mots, feux, pris dans le sens d'umonr, est si usité au xviie siècle, que le sens figuré plus d'une fois a fait oublier le sens propre. Quant à se mutiner de ( se révolter, s'irriter), M. Littré, qui en cite de nombreux exemples, depuis Voilure jus- qu'à Rousseau, juge comme il convient la chicane grammaticale de Voltaire : • Cette observation, écrit-il, ne se fonde, ni sur la grammaire, qui i e repousse pas se mutiner de, ni sur l'usage; car les exemples ci-dessus le montrent em- ployé par plusieurs auteurs. » Un trouve la même tournure dans don Sanclie et Xicomède. (V. 293 et 3--8.)

1220. « Pourquoi l'a-t-elle donc demandé? Toutes ces contradictions sont la suite de cette proposition révoltante qu'elle a faite d'assassiner sa belle - mère : une faute en attire cent autres. » (Vu. taire.) Les contradictions signa- lées par Voltaire sont moins inexplicables, si, d'après Corneille lui-même, on admet que la proposition de Rodoguiie n'a jamais été sérieuse; tout s'éclaircit dès lors et se simplifia. Si on ne l'admet pas, les vers suivants sont à peu près inintelligibles

1223. « Y a-t-il de l'honneur dans cette vengeance"? Elle cha ge à présent d'avis; elle ne voudrait plus d'Antiochus, s'il avait tué sa mère; ce n'e?t pas là assurément le caractère qu'exigent Horace et Boileaii :

Qu'en tout avec soi-même il se montre d'accord, El qu'il soit jusqu'au bout tel qa'on Ta vu d'abord. »

{An poèt.,ni.)

Palissot répond à Voltaire : « Elle ne change ni d'avis, ni de caractère; elle prouve seulement que jamais elle n'avait eu l'intention de faire sérieusement aux deux princes une proposition dont elle savait bien que l'un et l'autre aéraient inraiUiblement révoltés. Voila du moins ce que, dans VExamen des sa pièce, Corneille oppose aux objections qu'on loi fit de son temps et que VulUiire n'a fait que renouveler, t

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