Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/506

Cette page n’a pas encore été corrigée

IM RODOGDNB.

RODOGUNE.

Si c'est son cœur en vous qui revit et qui m'aime,

Faites ce qu'il ferait s'il vivait en lui-même;

A. ce cœur qu'il vous laisse osez prêter un bras :

Pouvez-vous le perler et ne l'écouter pas? ^^70

S'il vous explique mal ce qu'il en doit attendre,

fl emprunte ma voix pour mieux se faire entendre.

Une seconde fois il vous le dit par moi :

Prince, il faut le venger,

ANTIOCHUS,

J'accepte cette loi. Nommez les assassins, et j'y cours.

RODOGUNE .

Que! mystère 4175

Vous fait, en l'acceptant, méconnaître une mère?

ANTIOCHUS.

Ah! si vous ne voulez voir finir nos destins. Nommez d'autres vengeurs ou d'autres assassins.

RODOGUNB.

Ah! je voi-; trop régner son parti dans votre âme; Prince, vous le prenez.

ANTIOCHUS.

Oui, je le prends, Madame, 4180

Et j'apporte à vos pieds le plus pur de son sang, Que la nature enferme en ce malheureux flanc.

��1168. t Rodogune continue la figure employée par Antiochus ; mais on ne peut dire vivre en soi-même; ce style fait beaucoup de peine : mais ce qui eu fait bien davantajfe, c'est que Rodogune passe ainsi tout d'un coup de la modeste fierté d'une fille qui ne veut pas qu'on lui parle d'amour à l'exécrable empressement d'exiger d'un fils la tête de sa mère. » Voltaire a raison dans une certaine mesure : Rodogune a, pour ainsi dire, deux caractères, et pas&o de l'un à l'autre avec trop de facilité. Le grand Corneille trace avec quelque gaucherie ces portraits nuancés ; il est plus à l'aise dans la peinture des carac- tères absolus, comme celui de CIéo[.âtre.

1170. « hréler un bras à un cœur, \e porter et ne pan l'écouter, sont des expressions si forcées, si fausses, qu'où voit bien que la situation n'est point naturelle, i (Voltaire.) Il faut remarquer aussi que l'embarras de Rodogune s'a oute à la fausseté de la situation ; elle continue a jouer un rôle, mais pour la forme et sans conviction.

1175. « Est-il possible qu'Antiochus puisse lui dire : Nommez les assassins? Quel faux artifice 1 Ne les connaît-il pas? No sait-il pas que c'est sa mère? Ne s'en est-elle pas vantée à lui-même? » Cette critique de Voltaire est très fondée : si volontairement obscures que soient les explications de Cléopâtre, si généreuses que soient las illusions d'Antiochus, il ne peut être aveugle à C9 point.

U80. « Quelle froideur dans de tels éclaircissements, et quelles étranges expressions! « Vous le prenez? — Oui, je le prends! » (Voltaire.)

1 18-2. Flanc, sein, Irès usité dans co sens au xvii<^ siècle. Voyez la note du ». 1832.

�� �