Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/504

Cette page n’a pas encore été corrigée

158 RODOGUNB.

S'imagine...

ANTIOCHUS.

Apaisez ce courage irrité, Princesse; aucun de nous ne serait téméraire 4435

Jusqu'à s'imaginer qu'il eût l'heur de vous plaire • Je vois votre mérite et le peu que je vaux, lit ce rival si cher connaît mieux ses défauts. Mais si (antôt ce cœur parlait par votre bouche, [| veut que nous croyions qu'un peu d'amour le touche, 1-1 40 Et qu'il daigne écouter quelques-uns de nos vœux, t'uisqu'ii tient à bonheur d'être à l'un de nous deux. Si c'est présomption de croire ce miracle, C'est une impiété de douter de l'oracle.

Et mériter les maux où vous nous condamnez, 1145

Qu'éteindre un bel espoir que vous nous ordonnez. Princesse, au nom des dieux, au nom de cette flamme...

RODOGUNE.

Un mot ne fait pas voir jusques au fond d'une âme;

El \otre espoir trop prompt prend trop de vanité

Des termes obligeants de ma civilité. 4150

se place à son point de Tue ; elles paraîtront seulement trop absolues à ceux qui voient en Rodogune, non pas une criminelle soudainement transformée en précieuse, mais une femme exaltée par une crise violeute, et qui, cette crise pMsée, revient comme d'elle-même à son caractère naturel ; après avoir fait parler la haine, elle laisse parler l'unour. Il faut convenir aussi qu'aucune situation n'est plus embarrassante : que Rodogune ait voulu sincèrement armer les princes contre leur mère, ou que sa proposition ait été l'effet d'un simple calcul, destiné à lui faire gagner du temps, il est certain qu'elle n'a pas réussi. Son trouble doit donc être grand lorsqu'elle se voit ainsi pressée, lors- qu'elle sent déjà que son secret lui échappe. On n'en est pas moins contraint d'avouer que la conversation d'Antiochus et de Rodogune sent parfois d'une lieue son hôtel de Rambouillet. Voyez l'Introduction.

113î. Courage, cœur, comme plus haut, v. 155 et 330. — Sur lieur, au V. 1136, voyez la note du v. 54.

1138. « Est-ce à Antiochus à parler des défauts de son frèreT » (Voltaire.) Non sans doute; mais il n'en parle qu'après avoir parlé de ses propres défauts. L'union des deux frères est si étroite que chacun d'eux peut connaître et juger l'autre aussi bien que lui-même.

1142. Voyex le v. 986; ce passage confirme l'interprétation que nous en avons donnée.

1145. Où, auxquels, comme dans les exemples précédents (v. 132, 165 et 330). M. Chassang {Grammaire , p. 297) donne raison à Vaugelag, qui écrit dans ses Remarques : « Où, adverbe, pour le pronom relatif. L'usage en est élégant et commode Le pronom lequel est d'ordinaire si rude. en tous ses cas que notre langue semble y avoir pourvu en nous donnant de certains mots plus doux et plus courts pour substituer en sa place, lomme où, dont et quoi en une infinité de rencontres. >

1148. Corneille emploie de préférence jusqws à dans les locutions analo- gues A celles-ci : jitsi/ue^ nu bout, jusques d quand, jusques à quel point, jus- ques au fond du cœur (Cinna, v. 1559 et 1587; Polyeucte, v. 325; Po sies di- verses, V. 331). Dans ses Remarques, Yaugelas diatingue entre /tMçues à ^X jus- qu'à, surtout aH point de vue de l'euphonie ; alors même, on n'employait plu* guère jiisqxu» à qu'en poésie.

USO. Ce langage est froid et embarrassé; le mot civilité n'est plus usitA •B* U style élevé. M. Marty-Laveaux an cite d'aues nombreux exemples ea« 

�� �