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150 RODOGDNB.

On le croit repoussé quand il s'approfondit ;

Et, quoi qu'un juste orgueil sur l'heure pei^uade.

Qui ne sent point son mal est d'autant plus maldde:

ùes ombres de Stinté cachent mille poisons. 4425

Et la mort suit de près ces fausse* gueri>ons.

Daignent les justes dieux rendre vain ce présage!

Cependant allons voir si nous vaincrons l'orage,

Et si, contre l'effort d'un si puissant courroux,

La nature et l'amour voudront parler pour nouB. 443C

��nement même. » (Voltaire.) A merveille; mais le défaut, ou, si l'on veat, le mérite de la tragédie classique, n'est-ce point qu'on y disserte trop, et que les discours abstraits y tiennent parfois lieu d'action dramatique? Voltaire ne veut pas que /on philosophe au théâtre. Pourquoi <lonc les personnages qu'il a créés lui-même sont-ils de si grands dialecticiens t Pourquoi tant de sentences et (le tir. ides j hit .sophiques ?

ll-ZZ S'apfjrufondit, pénètre plus avant; Corneille dit aussi « approfondir un abîme » (Seriorius, v. 840) pour : le rendre plus profond. « Ce mot a dani ces exemples une énergie singulière, parce qu'il y est employé dans un sens très rapproché de sa sigijificatioa primitive. Un des .■secrets des u-rands écri- vains est de forti&er ainsi les expressions dont ils se servent en les ramenant à leur origine. » (Marty-Laveaux.) S'approfondir n'est plus guère employé que dans le sens de s'étudier a fond soi-même.

1125. ()m>jre, légère apparence:

Cette feinte douceur, cette ombre'd'amitié.

[Héradàu, \, n] Mais aux ombres du crime on prête aisément toi.

[Misanthrope, III, T.)

Ces maximes trénérales, que Voliaire condamne, à bon droit sans doute, ser- vent du moins à éveiller en notre esprit le soupçon d'un malheur prochain; le mot de « mort » est prononcé, dans une métaphore, il est vrai ; mais il est permis de croire que ce n'est pas en vain. Corneille a employé plus d'une fois cette comjiaraison de la maladie physique appliquée au moral :

l.orsqi.p le n.alade aime sa maladie, Qu'il a peine à Bouffrir que l'on y remédie I

[Cid.n, T.| Qui fait le plus de bru n'est pas le plus malade.

{Penharite, m, itlj

1130. Voltaire qui a plus haut déclaré « impropre », sans nous le persuader, la locution « vaincre l'orage », a plus raison ici de critiquer cette nature et cet amour qui parlent contre l' effort d'un courroux. On remarquera que ce troi- sième acte e^t presque en tout parallèle au ^econd : dans les deux actes, en effet, nous trouvons un monologue où Ciéopâtre et Rodogune nous découvrent le fond de leur âme, des scènes, qui tantôt précèdent, tantôt suivent ce mono- logue, et où elles dévoilent leurs projets à leurs confidents, une scène capi- tale où elles exécutent ce qu'elles ont résolu, et font aux deux princes une proposition do même nature, enfin une scène finale, où, laissés en face l'un de l'auiy.e, les Jeux frères donnent un libre cours aux sentiments divers donf ils sont agités. L'action est habilement engagée; on approche delà cris^ mais il est mpossible enc< re de prévoir le dénouement.

��FIN DU THOISIÊME ACTE.

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