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IM RODOGUNE.

L'espoir ne peut s'éteindre où brûle tant de feu.

Et son reste confuà me rend quelques lumières 4095

Pour juger mieux que vous de ces âmes si fières.

Croyez-moi, l'une et l'autre a redouté nos pleurs :

Leur fuite à nos soupirs a dérobé leurs cœurs,

Et si tantôt )eur haine eût attendu nos larmes,

Leur haine à nos douleurs aurait rendu les armes, H 00

SÉLEUCUS.

Pleurez doiic à leurs yeux, gémissez, soupirez, Et je craindrai pour vous ce que vous espérez. Quoi qu'en votre faveur vos pleurs obtiennent d'elles, Il vous faudra parer leurs haines mutuelles,

��est bien fait pour le camctériser, et, dans la forme, n'a rien que de vrai. M. Geruiez en rapproche le ver» de Lamartine :

J'aime ; il faut qae j'espère.

IJféditatùmt^

Combien d'autres beaux vers sur l'espérance on pourrait emprunter à nos poète» moderne», et surtout à Victor Hugo, le plus grand de tous 1 Mais Antiochus n'est pas un moderne, et la vérité qu'il exprime est i la fois, ce nou» semble, très simple et délicatement rendue. Il est vrai que Séleucus pourrait lui ré- pondre par la « chute » du aonnet d'Oronte :

On désespère Alors qu'on espère tonjour».

( Il n'y a point d'homme plus aisé à mener, a dit Bossuet, qu'un homme qui espère; il aide à la tromperie ». (Pensives eliretii-nnes, 24.) Mais l'espérance d' v n- tiochus n'a rien d'aveugle ni de ridicule. « L'amour, aussi bien que le feu, ue peut subsister sans un mouvement continuel, et il cesse de vivre dès qu'il cesse d'espérer ou de craindre. » (La Rochefoucauld, Maximes, 'î.'i.)

1094. • Un feu où brille l'espoir I » (Voltaire.) « Corneille ne dit point un feu od biùle l'espoir; nous ne prétendons pas justifier son vers; mais il ne faut pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit. » (Palissot.) Il semble, en efiFet, que Voltaire, si pénétrant, ait lu ce vers sans se donner la peine de le comprendre. Où est pour là où, dans le cœur où...

1095 « Ce reste confus du feu de l'amour poat-il donner des lumières, parce qu'on se sert du mot feu pour exprimer l'amour T N'est-ce pas abuser des termes f » (Voltaire.)

1097. Sur l'un et l'autre suivi d'un verbe au singulier, voy. les v. -131 et 1839.

« Il semble que l'auteur ait été si embarrassé de cette situation forcée qu'il «t voulu exprès se rendre inintelligible ; une fuite qui dérobe des cœurs à des soupirs, une haine qui attend des larmt-î et qui rend les armes ! » Voltaire a raison : le langage est ici embarrassé, comme la situation. Retenons des vers prononcés par Antiochus cette simple idée que, par une illusion géaéreuse, il ne peut prendre au sérieux les propositions de sa mère et de Rodoguna, ni se résigner à les haïr.

1104. » On ne pare point une haine comme on pare un coup d'épée. » (Vol- taire.) Corneille dit f parer la tempête » {Pompée, v. 102), et Molière : t Son- geons à parer ce fâcheux mariage. > (Tartuffe, II, iv.) • Il faut arranger ses pièces et ses batteries, avoir un dessein, le suivre, parer celui de son adver^ saire. » (La Bruyère, "i^ Pourquoi ne dirait-on pas d« même au figuré parer une haine, comme Saiot-Simon, Condillac et Jean-Jacques Rousseau, oitw par M. Littré, disent t parer co malheur, parer le mal, «te. sf

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