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ACTE m, SCËNB V. 151

SÉLEUCUS.

Que le ciel est injuste ! Une âme si cruelle Merilail notre mère, et devait n.iitre d'elle.

ANTIOCHUS.

PlaigDODS-nous sans blasphème.

SBLEUCUS.

Ah t que vous me gênez Par cette retenue où vous vous obstinez I Faut-il encor régner? faut-il l'aimer encore? lOoo

ANTIOCHUS.

Il faut plus de respect pour celle qu'on adore.

SÉLEUCUS.

C'est ou d'elle ou du trône être ardemment épris, "'

Que vouloir ou l'aimer ou régner à ce prix.

ANTIOCHUS.

C'est et d'elle et de lui tenir bien peu de compte,

Que faire une révolte et si pleine et si prompte. 1060

SÉLEUCUS.

Lorsque l'obéissance a tant d'impiété, La révolte devient une nécessité.

ANTIOCHUS.

La révolte, mon frère, est bien précipitée,

��1053. Le caractère des deux princes a le mérite d'être sum : Anfiochus se Umente et voloniiers excuse les autres; Séleucus accuse et s'emporte. Sur gêner, voir la noie du v. 18.

1056. « Ne croirait-on pas entendre un héros de roman qui traite sa maî- tresse de divinité?.. . Peut-on employer ces idées et ces expressions de roman dan» un moment si terrible? Il n'y a rien de si plat et de si mauvais que ce vers. D (Voltaire) « Le vers n'est pas tragique ; il convient mal à la situation ; mais Voltaire ne devait-il pas s'exprimer moins durement? La bienséance n'est- elle pas blessée? Nous ne nous permettrions pas, en parlant d'un mauvais vers de Voltaire, d'écrire qu'il n'y a rien de si plat » (Palissot.)

1009. Ces répliques, où les mêmes mots se répètent et s'opposent, sont dans le goùi de Corneille; mais ici 'lie et lui, représentant Rodogune et le trône, manquent de clarté, d'autant plus que lui, comme le fait observer Vol- taire, est appliqué peu correctement à une chose inanimée.

1060. « faire une révolte n'est pas français », dit Voltaire, qui compare ironiquement Antiochus à Céladon. La locution n'est pas en effet du langage usuel; nous oserons pourtant faire observer que révolte (en italien rivolia, de rcoolla) signifie proprement volle-faee. "évollcr ou se révolter se disait au xvr siècle de ceux qui faisaient une brusque volte-face et passaient d'un parti ou d'une religion à l'autre. Faire une révolte n'est donc pas, logiquement, si incorrect ; de plus, s'il s'agit ici d'une simple volte-face morale, et non pro- prement d'une révolte ; l'indignation qu'inspire à Voltaire cette révolte « contr une femme qui a iftiaginé quelque chose de si noir » n'est plus aussi justifiée Antiochus reproche seulement à son frère un changement soudain de conduite' on trop prompt oubli de ses engagements. '

1063. « Non seulement cet amour romanesque est froid et ridicule, mais cette dissertation sur le respect et l'obéissance qu'on doit à l'objet aimé, quand cet objet aimé ordonne de sang-froid un parricide, est peut-être ca qu'il y a de plus mauvais au théâtre, aux yeux des counaisseurs. » (Voltaire.) Ce juge- ment, qui contient sa part de vérité, est bien sévère dans la firme. Voyei notre Introduction, sur le caractère d' Antiochus.

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