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134 RODOGUNE.

Et 80U8 l'indigne appât d'un coup d'oeil affété, 845

J'irais jusqu'en leur cœur chercher ma sûreté!

Celles de ma naissance ont horreur des bassesses:

Leur sang tout généreux hait cesmoUes adresses.

Quel que soit le secours qu'ils me puissent ofiFrir,

Je croirai faire assez de le daigner souffrir : 8S0

Je verrai leur anaour, j'éprouverai sa force,

Sans flatter leurs désirs, sans leur jeter d'amorce,

��lies Tere peu cornéliens d'allure, priait le roi de 1« faire inscrir» par le Père La Chaise sur la feuille des bénéfices :

Cependant, s'il es', vrai que mon service plaise, Sire, un bon mot, àa grâce, au Père de la Chaise.

[Au roi , 1676.)

Rodogiine n'oublie pas, comme le croit Voltaire, et son danger et son amour ; elle n'affecte pas la hauteur des < princesses de roman » ; elle ne passe pas •ans transition de l'extrême timidité i l'extrême scélératesse. Si jamais mono- logue a été nécessaire, c'est celui-ci. Menacée par Cléopâtre, elle vient d'ap- prendre que la fuite est presque impossible ; toute mesure précipitée hâterait sa perte ; elle le sait, et elle attend. Reine, elle est outragée ; captive, elle est à la merci d'une ennemie implacable ; femme, elle peut craindre de Toir celui qu'elle aime armé contre elle par sa mère. Une telle crise est bien faite pour révolter l'orgueil de la reine et ranimer la haine, longtemps assoupie, de la femme :

Le courroux d'une femme est longtemps à dormir.

(RoiROO , CoêroUs, I, II.)

S'il se réveille pourtant, qui peut dire jusqu'où il s'emportera? Due transfor- mation inévitable, qu'explique et prépare ce monologue, s'opère donc dans l'âme de Rodogune

845. Affélé, qui a de l'afféterie , mot plus usité dans le style comique ; au fond, il n'est pas autre qu'offeclé, sauf l'orthographe.

847. « Les rois de Corneille, si l'on en excepte Prusias, ne font que régner, sont incapables de tout ce qui ne se rapporte p is directement à leur métier de roi, ne semblent pas nés pour autre chose. » (M. Guizot , Corneille et son tempt.)

848. Voyez au v. 803 adresse, employé au singulier, dans ce sens. Molles, sans énergie, sens du latin ; dans Théodore (V, vi), c molle prudence » est op- posé à c courage m&le ».

▲a reste, mol était alors employé au masculin pour mou :

L'amour que j'ai pour tous bail ces molles bassesses.

{PerthariU, IV, T.|

L'afTront que m'eût fait ce moi consentement.

(fforace , III, ».| Qui le souffre a le e«ur lâche, Ttwl, abattu.

[Cinna, II, I.)

S'il pardonne, il est mol; s'il se venge, barbare.

(RoTiiou, lencesla,<, I, IT.(

8ôi. Amorce, appât, tout ce qui amorce, tout ce qui attire, est encore un des mots consacrés de la galanterie au xviic siècle. Cf. Horace, 111, iv; Cinna, V, m ; Pompée, IV, m, etc. L'expression juter ane amorce se retrouve dan» SopUO'

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