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après lui, les actrices qui jouaient Cornélie dans les pièces de Garnier, de Chaulmer et dans la sienne, paraissaient sur le théâtre sous ce cost-ume de convention qui est le symbole universellement accepté du veuvag-e; mais, historiquement, les poètes avaient raison de la faire paraître ainsi. On n'a

f>as assez remarqué que Lucain lui-même, en nous peignant e désespoir de Cornélie, la revêt de ces vêtements de deuil qui étonnaient si fort M"^ Clairon :

Sic ubi fata, caput ferait obduxit amictuA

Ceci dit, et pour nous disculper d'avoir semblé accorder trop d'importance à ces détails, nous ne pouvons mieux faire que nous approprier l'opinion d'un critique éminent ^ : « Quelle a été l'idée de Corneille en ramenant Cornélie ? C'était de nous donner l'impression d'une douleur majes- tueuse et fière, qui bravait César en sa victoire. Eh bien, Cornélie arrive en grand deuil, et j'ai tout aussitôt la sensa- tion d'un veuvage; tout de suite j'entre en part des senti- ments qui doivent agiter Cornélie et qu'elle va exprimer en beaux vers. Que- m'importe comment et où elle s'est procuré ces habits, et même si elle a pu se les procurer ? Ce sont là des détails de la réalité vulgaire et plate, qui n'ont rien à voir dans l'action du drame. La voilà veuve ; elle arrive uniquement parce qu elle est veuve. Le noir qu'elle porte m'avertit de ce veuvage; il est donc excellemment choisi. Je n'ai pas à chercher s'il est ou non d'accord avec la vérité matérielle ; il est en harmonie avec les sentiments que le poète a voulu exciter dans nos cœurs, cela me suffit. Le cos- tume joue en cette occasion le rôle qu'il doit jouer : il seconde, il double l'impression que la scène doit faire sur le public. »

Il faut bien le dire : au théâtre tout au moins, c'est le rôle de Cornélie qui a toujours conquis les sympathies passion- nées des spectateurs. Le rôle de César a toujours un peu souffert de ce voisinage, et le seul grand acteur qui s'y soit distingué, après Molière et Baron, a été Talma.

Parmi les éditions de lompée qui ont paru de nos jours, nous en citerons deux seulement : celle de M. Marty-Laveaux, publiée dans la collection Régnier, et une édition isolée, vieille à peine de quelques mois, celle de M. Delaitre, professeur au lycée Henri IV. L'édition Régnier est la source commune où

i. Pharsale, IX, 109.

S. M. Francisque Sarcey. feuilleton du Tempt,

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