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ACTE m, SCENE II. 13:

Feignant, de vous servir, elle sert sa maîtresse.

La reine, qui surtout cr;ùnt de vous voir régner, 80Ô

Vous donne ces terreurs pour vous faire éloigner;

Et pour rompre un hymen qu'avec peine elle endure,

Elle en veut à vous-même imputer la rupture.

Elle obtiendra par vous le but de ses souhaits,

Et vous accusera de violer la paix; 810

Et le roi, plus piqué contre vous que contre elle,

Vous voyant lui porter une guerre nouvelle,

Blâmera vos frayeurs et nos légèretés,

D'avoir ose douter delà foi des traités.

Et peut-être, pressé des guerres d'Arménie, 815

Vous laissera moquée, et la reine impunie.

A ces honteux moyens, gardez de recourir :

C'est ici qu'il vous faut ou régner ou périr.

Le ciel pour vous ailleurs n'a point fait de couionne.

Et l'on s'en rend indigne alors qu'on l'abandonne. 820

��point ouïr ce qu'on entend, surtout de pouTOir au delà de ses forces, avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point, s'enfermer pour tailler des plumes, et paraître profond, quand on n'est, comme on dit, que Tide et creui », voilà toute la diplomatie, selon le Figaro de Beaumarchais; voilà aussi, nous en avons peur, toute la science d'Oronie. On pourrait lui appliquer, à bon droit, deux maximes de La Rochefoucauld: < L'usage ordinaire de la finesse est la marque d'un petit esprit, et il arrive presque toujours que celui qui s'en sert pour se couvrir en un endroit, se découvre en un autre. — Le vrai moyeti d'être trompé, c'est de se croire plus fin que les autres, t {Maximes, 125 et 127).

806, Vous donne, vous inspire.

813. Lé'ièretes, rare au pluriel, dans ce sens. Nos légèretés d'avoir, c'est-à- dire : nous blâmera d'avoir été assez légers pour... Sur ce pluriel des noms abstraits, voye» la Grammaire française de M. Chassang, Cours supérieur, p. 2!1.

815. Sur le sens de pressé, voyez la note du v. S'7. Bourdaloue a dit baidi- ment : « pressé de Dieu ■.

Pressés de la terreur que sa mort leur inspire.

IPow^fée, r. U62.)

816. ( Le verbe moquer s'employait autrefois activement, et, par suite, tout naturellement aussi au passif. » (M. Marty-Laveaux.) La forme active a dis- paru, mais la forme passive élre moqué a. survécu. — Oronte est décidément un profond politique. On ne saurait le mieux comparer qu'au Félix de Potyeucle, grand iliplomate, lui aussi, qui croit connaîtri; tout le monde et dont tout le monde déçoit l'attente. Comme Oronle, il serait honteux d'être dope:

L'artifice est trop lourd pour ne pas réventer : Je sais des gens de cour quelle est la politique.

On se rappelle a quoi aboutissent los petites habiletés de ce f vieux courtisan «  qui en a vu « de toutes les façons ». Celles d'uronte û'auraient pas nioilleu' succès, si Rodogune ne les repoussait bien loin. Ceile-ci n'est-elle pas graudie par le vuisinagu d'Oro.iie, : _.o Pauliuu p:ir ceV.n de Félix?

818. U faut absolu :.uut ou périz, ru réguer. (Rotkou, Cosroit, I, m.)

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