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ACTE n, SCÈNE III. 119

La mort de Rodogune en nommerét l'aîné. 64o

Quoi! vous montrez tous deux un visage étonné!

Redoutez-vous son frère ? Après la paix infâme

Que même en la jurant je délestais dans l'âme,

J'ai fait lever des gens par des ordres secrets

Qu'à vous suivre en tous lieux vous trouverez tout prêts; 650

Et tandis qu'il fait tête aux prinees d',\rnaénie.

Nous pouvons sans péril briser sa tyrannie.

Qui vous fait donc pâlira cette ju-^te loi?

Est-ce pitié pour elle? Est-ce haine pour moi?

Voulez-vous l'épouser afin qu'elle me brave, 65t

El mettre mon destin aux mains de mon esiHiive?

Vous ne répondez point I Allez, enfants ingrats,

��Cbiniène, remet»-tu taliquerelle eo »a niniD f

(C'W, IV, T.)

TroU eo oe même Joar sont mon» pour sa querelle

{Horace, V, ili.|

Voilà donc quels yengeurs s'arment pour la querelle, Des prêtres, des eiifauts, 6 Sagesse eternella I

[Alhalie, ni, ni.

Si ouelque audacieux embrasse s» querelle. Qu'a la fureur du glaive on le lirre BTec elle I

{Athalie, V, ?i.)

645. En, des deux fils. Ici VoHaire ne peut s'empêcher do revenir à la pro- position de Cleopàtre, qu'il juge uue t'ois de plus « absurde autant qu'abomi- nable. » — « Et cependaut, ajoute-t-il. elle forme un grand intérêt, parce qu'on peut Toir ce qu'elle produira, parce que Cleopàtre tient en sa main la destinée de se.s enfants. » Elle est donc plus abominable qu'absurde.

(i51. Faire tête à, tenir tête à; on oit encore aujourd'hui, comme dans OEdi/'fi (v. 1085), « faire tête à l'orage ». Au XYne siècle, on disait même/'air-,- téle contre: « Il veutgu'on fasse tête contre tout les rices. » (Bossuet, Pane- gyrigiie de xdint Benoit.)

657. Voltaire compare Cleopàtre à Phèdre, qui sait se dérober à temps aux reproches d'Hippolyte et reprendre possession de sa ra^on, un moment égarée; mais Palissot montre très bien que la comparaison n'est pas possible: « En proie à une passion incestueuse qu'elle déteste, Phèdre no paraît sur la scène que poursuivie par des remords, qu'elle garde pendant touty la pièce, et qui ne finissent qu'avec sa vie. Cleopàtre, au contraire, non seulement n'a point de remords, mais n'en a pas même l'idée. Furieuse d'avoir laissé pénétrer ses sen- timents à ses fils, elle ose les menacer, dès qu'elle ne peut plus se flatter de les séduire.' Le respect de ces princes et la soumission qu'ils paraissent tou lours consorrer pour ello lui laissent quelque espérance de pouvoir du moins les intimider par ses menaces. » Qui sait d'ailleurs si elle n'est pas sincère, dans ce na'if reproche d'ingratitude qu'elle jette à ses fils? A force d'avoir cherché à faire illusion aux autres, n'en est-elle pas arrivée à se faire illusion X elle- mêmo ? EU aussi, Agrippine, aussi peu désintéressée que Cleopàtre, dit à Néron :

Vous êtes un ingrai, vous le tineu toujours.

Elle aussi, plus adroite dans le discours qu'elle a préparé et qu'elle impose à l'attention distraite de son fils, se laisse à la fin emporter par la passion, parle des « crimes » dont elle serait trop tôt convaincue, et ne recule pas de- vant la menace. Elle n'a pas cependairt en main la pmissance dont disposa

néoc.'itre.

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