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H8 RODOGUNB.

L'effet dft cet amonr vous aurait tout coûté.

Ainsi vous me rendrez l'innocence et l'estime, 635

Lorsque vous punirez la cause de mon crime.

De cetie même main qui vous a tout sauvé,

Dans son sang odieux je Taurais bien lavé ;

Mais comme vous aviez votre part aux offenses,

Je vous ai réservé vctre part aux vengeances, 640

Et, pour ne tenir plus en suspens vos esprits,

Si vous voulez régner, le trône est. à ce prix.

lintre deux fils que j'aime avec même tendresse

Embrasser ma querelle est le seul droit d'aînesse :

��•35. « Vous me rendrez l'eslimt ne pent se dira comme vous nk rtndres Vin- notewe } car l'inaocence appartient à U penonne, et l'ettime eat le «eatiineat ù'auu'oi. I (Yoltaire ) Estime, dans la lan^e de Corneille, lignifie le plus sou- vtnt, non pas la bonne opinion qu'on a de «{nelqn'un, mais celle qu'il a de lai- mtme. Voyei, entre autres exemples, 1© Cid, t. 365 ; Pompée, t. 382 ; Nieo- mède, v. 47 3 tt 1101. t hsiirne eat un mot qui s« dit arec le pronom possessif, et de l'ûitime que l'on a de moi, et de l'estime que j'ai d'un autre. » iVauge- las , Hemarçues . De ee)-tains noms qui ont tout ensemble une signification active tt nne peutivt).

642. VoItah«, tout en criant à rinnaiseiablance, avoue que >'atrocité de cette proposition si peu préparée, ti extraordinaire, a toujours été pardonnée par le spectateur, que la situation est théâtrale et attache « malgré la ré- tlezion ». Palissot réfléchit pourtant et u en admire que davantage: « La pro- position de Cléop&tre, dit-il, peat n'être pas raisonnable, mais elle est rraisem- blable de la part d'une femme qai a taé son mari de sa propre main, et qui est capable de tout sacrifier i son ambition. > U est rrai que Palissot suppose i cette proposition fameuse des motifs bien machiavéUques. Cléopâtre a~t-elle Tra-.ment peur, comme il le pense, d'une sédition populaire, si elle viole sa promesse T Veut-elle « en laisser le crime et le danger à celui de ses fils qu'elle lu^mmera roi? » Elle a déjà prouvé et prouvera bientdt encore qu'elle n'est fsmme à reculer ni devant un danger, m devant un crime. Nous préférons la commentaire très simple de Geoffroy: « Voltaire critique son offre i ses fila; mais tout moyen lui est bon pour prolonger son règne, et elle peut espérer que l'offre d'une couronne entraînera l'un de ses fils. Ba tout cas, elle ?agne du temps en retardant son abdication. Bt s'ils consentent tous oeux ? demande Voltaire. Cléopâtre aura du moins l'avantage d'être délivrée de son ennemie et pourra imaginer quelque antre moyen de se conserver le trâne ; la passion court au plus pressé , se saisit du présent sans regarder l'avenir ; cette ambi- tion furieuse ne peut tout calculer froidement :

Tombe sur moi le oisl, pourvu que )• me venge I

C'est tout son raisonnement et toute sa politique. • {Cours de liltéyature dramet- tique, 1.) Cette explication ;i le mérite de s'appuyer sur les propres iiveu.v de Cléopâtre dans la scène précédente : dans le passé, a-t-elle dit À Launice, elle atout fait « pour obtenir du temps *. PourquoiTenoncerait-elle i une politique qui Ini a si bien réusai t

644. Queiellt, mot qui semble faible, et ne l'est pas, comme étonné, atto- iiitus, un peu plus bas. On l'employait alors dans le style 1* plus noble, en lel donnant le sens de parti, et Racine ne le dédaigne pa« plus que Corneille:

Mon brat, qui tant de fois a sauvé oet eaplre,

Taui de foii alfermi le trôae de ton roi,

Trahit dc-c ma querelle et ne fait ilen pour moi I

ICU, 1, va.

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