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ACTE II, SCÈNE lU. 113

Je ne sais s'il e^c digne ou dliorreur ou d'estime,

S'il plut aux dieux ou non, s'il fut justice ou crime; 560

Mais soit crime ou jusiice, il est certain, mes fils,

Que mon amour poui' vous fit tout ce que je fis •

Ni celui des grandeurs, ni celui de la vie

Ne jeta dans mon cœur cette aveugle furie.

J'étais lasse d'un tiône où d'éternels malheurs 665

Rie comblaient chaque jour de nouvelles douleurs.

Ma vie est presque usée, et ce reste inutile

Chez mon frère avec vous trou\ait un sûr asile ;

Mais voir, après douze ans et de soins et de maux,

Un père vous ôter le fruit de mes travaux ! 570

On en voit de très nombreux exemples dans le Lexique de M. Marty-Laveaux; le Dictionnaire de M. Littre cjte, à côte de Corneille, Malherbe, Molière, Racine, Voltairt) lui-même (SémtraniU, 111, ii). Pour rmfièclter san^ ne, voyez la uote du Ters 538, et la Grammaire de M. Chassang, qui cite cet exemple (p. 424).

560. Cleopâtre le .sait trop bien et a peut-être tort d'y iusisler; mais, avec Isabelle, dans la Belle Al/ihrède de Rotrou (V, m), elle pense sans douie que

Le crime quelquefois peut s'employer san* orime.

562. Toujours l'amour maternel, voile transparent de l'ambition égoïste. Antiochus aoiaitle droit de répondre à Cleopâtre, comme Néron à sa mère :

Vous n'avez sous mou nom trenraiUà que pour tous.

566. Corneille a plus d'une foi* employé combler en mauvaise part.

570. Travaux, fatigues, soucis, peines de tout genre, aans le sens éteada de labore.'i, en latin. De même, au vers précédent, soint. est pris dans le sens d'inquié- tudes. Le chat de La Fontaine (viii, 22), voyant sur ses gardes le rat, son allié prétendu, l'assure de son amitié la plut sincère.

Ah I mon frère, dit-il, viens m'embrasser ; ton soin lie fait injure.

Dans le style le plot noble, soins et travaux prennent une signification aussi énergique : < Chrétiens, un autre soin me travaille... Qu'est-ce donc qu'il a souhaite, ce grand Alexandre, et qu'a-t-il cherché partant de travaux et tant do peines qu'il a souffertes lui-même et qu'il a fait souffrir aux autres? » (Bossuci. Oraison funé're de la reine d'An/Uterre. Sti-ynon pour ta prolession de foi ée J/"e de la Vnllière).

D'un soin cruel ma joie est ici combaitue.

(Racibr, Iphioémc, \1, IL) La mon et le travail pire que le danger.

[Mithridate, III, l.|

Sans que ma mort encor, honteuse à ma mémoire, De mes nobles travaux vienne souiUer la gloire.

{PhÈdr,,lY, a., Tu m'es témoin Si TiatérAt d'un Hls me produit aucun soin.

(ROTHOD, Cimrue», U, I.|

Son iraTaii recommence et son repos se cesse.

(ROTIOU, He^ cale mourant, 1 V , llj

Si les rochers savent mes maux, Écho rira ie mes travaux.

[CtlioKt, UI, aj

Tnî i.i'.*poiion jamais n'a fait parler à faut k.^ (irouiit, par ces vers, la Qo de mes travaux.

ICOBNBIIUI. Horace, I, laj

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