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110 RODOGUNE.

Il vint, et sa fureur craignit pour ce cher gage ,

U ni'impo?a des lois, exigea des serments,

Kt moi j'accordai tout pour obtenir du temps.

Le temps est un trésor plus grand qu'on ne peut croire : 54« 

J'en obtins, et je crus obtenir la victoire.

J'ai pu reprendre haleine, et, sous de faux apprêts...

Mais voici mes deux fils que j'ai mandés exprès.

Écoute, et tu verras quel est cet hyménée

Où se doit terminer ceifte illustre journée. bac

��SCÈNE III

CLÈOPATilE, ANTIOGHUS, SÉLEUCUS, LAONIGE.

CLÉOPATRE.

Mes enfants, prenez place. Enfla voici le jour Si doux à mes souhaits, si cher à mon amour, Oii je puis voir briller sur une de vos têtes Ce que j'ai conservé parmi tant de tempêtes,

512. Ce cher gage, c'est Rodogune. Gage n'a pas ici le même sens qu'au V. 36, et veut dire : garantie, otage ; plus loin (III, m) Rodogune dira :

D'une paix mal cousue on m'a faite le ga^e.

514. Ce mot est le secret de toute la conduite de Cléopâtre, dans le passé et dans l'avenir. Alors même qu'elle semble précipiter les événements, comme dans la scène suivante, elle temporise encore

515. Ces maximes sur le temps sont un des lieux communs de la poésie aa xvii« siècle : qu'on en juge par quelques exemples :

.... La perte du tcinps ne se paut réparer.

(H&IKBT, Sophouitbt, II, IV.|

Le temps, qui fomo tout, change aussi toutes choses.

IRotBOD, Hercule nuiurant, I, u.)

liC temps est médecin de toutes les douleurs.

(KoiHOU, lii D,'ai(e.\

L* Umps qui calme tout cgi l'unique remède.

(Thouas Cobnbii,i.b, Ariane, m, il.|

A propoi <tQ vers de CoruaiUo qui, dit-il, mente de passer en proverbe, M. Oe- rnzcz cite le protorhe de Franklin : « Le temps est l'étotfe de la vie. »

520. (/ù, par lequel ; nous avons déjà vu où pris dans des acceptions ana- logues.

521. « Ce discours d« Cléop&tre est trèt artificieox et plein de grandeur. Il semble que Racine l'ait pris en quelque chose pour modèle du grand discours d'Agrippine à N-tou ; mais la situation de Cléopâtre est bien plus fraj'pante que c< lie d'Agrippindt f intérêt est beaucoup plus grand, et t;i ^cène bien u;i- Iremeat intéresbaaii^. » Voltaire compar<iiit une scène de Corneille à l'une dei

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