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ACTE II, SCÈNE II. 103

Et rendons-le funeste à celle qui l'attend.

C'est encor, c'est encor cette même ennemie 415

Qui cherchait ses honneurs dedans mon infiimie,

Dont la haine à son tour croit rae faire la loi,

Kt régner par mon ordre et sur vous ei sur moi.

Tu m'estimes bien lâche, imprudente rivale,

Si tu crois que mon coeur jusque-là se ravale, 4iO

Qu'il souffre qu'un hymen qu'on t'a promis en vain

Te mette ta vengeante et mon sceptre à la main.

Vois jusqu'oii m emporta l'amour du diadème,

Vois quel sang il me coûte, et tremble pour toi-intme

Tremble, te dis-je, et, sonue, en dépit du traité, 425

Que, pour t'en faire un don, je l'ai trop acheté.

��SCÈNE II

CLÉOPATRE. LAONICE.

CLÉOPATRE .

Laonice, vois-tu que le peuple s'apprête Au pompeux appareil de cette grande fête?

414. Funeste est pris ici dans son Trai sens étymologique, fttnus.

416. « Corneille, comme tous ses contemporains, employait trèg fréquptn- toent didanx en guise de préposition; du reste, Vaugelas, qui condamnait cet emploi du mot, le permettait affr poètes; mais bientôt les grammairiens n'ad- mirent plus aucune exception. Notre grand poète tragique ne fut pas sonrd à l'avis des grammairiens; mais ici pour lui la tâche était grande; il ne s'asis- sait pas d'un seul vers à changer, et il recula parfois devant des modifications trop profondes. Malgré les retouches, il a laissé subsister i ette tournure bien plus fréquemment qu'il ne l'a supprimée, et, chose plus remarquable, il lui est même arrivé de s'en servir dans de nouveaux ouvrages, après l'avoir effacée dans les anciens. • (M. M.irty-Laveaux.)

418. \ouft, c'est la haine dissimulée dont Cléopâtre a parlé plus haut: t Convenons, dit Voltaire, que cela n'est pas dans la nature. » Nous en con- venons et lui-même, malgré ces critiques, convient que « le reste du mouolo gue est plein de force ».

425. Var. « Je l'ai trop acheté pour t'en faire un présent;

Crains tout ce qu'on peut craindre en te désabusant » (1647-56.,

428. S'opprête d l'appareil n'est pas un barbarisme, comme le croit Voltaire : du, c'est le latin orf. Sur le sens réel de jBo»ijoe!(x, consultez la note du vers 1.

« Lorsque Cléopàire mourante réyèle à son fils ses crimes et ses affreux projets, c'est la passion qui l'entraîne; sa haine ne peut plus agir; elle n'a -'..utre soulagement que de la déclarer; ses révélations sont donc parfaite- ment naturelles; mais les révélations que Cléopâtre lait à Laonice dans les premiers actes ne le sont point, parce que ce sont de simples développe- ments de caractère, savamment donnés par le personnage lui-même, au liou d'être naturellement provoqués par les événements. » (Guizot, Ctimeilie et son temps, p. 239). On a reproché aux personnages de Corneille de parler longue- ment et de parler beaucoup d'eux-mêmes. « Ils parlent trop pour se faii*

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