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ACTE DEUXIÈME

��SCENE PREMIERE

CLÉOPATRE^

Serments fallacieux, salutain- contrainte, 3^5

Que m'imposa la force et qu'accepta ma crainte, Heureux déguisements d'un immortel courroux,

1. Voici comment Lessing apprécie le caractère de Cléopâtre : « I,a Cléopâtru de Corneille, pour satisfaire son ambition et son orgiioil offense, se permet tous les crimes; elle se répand en maximes machiavéliques ; c'est un mcnstre dans son sexe. Médée, en comparaison d'elle, est im caractère vertueux et

iimable, c;ir toutes les cruautés de Médeo ont la jalousie pour cau;e. Je par-

donnerai tout à une femme éprise et jalouse : elle est ce qu'elle doit être, seulement avec trop d'emporteraeiitr Mais uuand je vois une femme se livrer aux forfaits par de froids calculs d'orgueil et d'ambition, mon cœur se sou- lève, et toute l'habileté du poète ne saurait me la rendre intéressante. Nous la rcL'ardons comme nous regardons un monstre, avec étonnement. .. Au- cune femme ne s'e>t jamais entretenue des pensées et des sentiments que Corneille met dans la bouche de sa Cléopâtre, et qui ne sont que d'absurdes fanfaronnades de crimes. Le plus grand scélérat du monde a l'art de se discul- per à ses propres yeux : rien de plus contraire à la nature que de se vanter du crime en t-int que crime... Le désaccord qu'il y a entre cette vengeance et le caractère du personnage ne peut manquer de paraître très choquant. La fierté de ses s 'iitiments, sa passion sans frein pour le> honneurs et l'indépen- dance nous donnent l'idée d'une âme grande et haute, qui mérite toute notre admiration. Mais la malignité de sa rancune, son achariement à se venger d'une personne de qui elle n'a plus r^en a craindre, qu'elle tient en sa pui>- sance, à qui elle devrait pardonner s'il y avait on elle une lueur de générosité, la facilité avec laquelle, non contente de commettre des crimes elle-même, elle en suu'gère kux autres d'invraisemlilables, et cela sans adresse et sans dé- tour; tous ces traits la rapetissent tellement a nos yeux que nous ne croyons pas pouvoir assez la mépriser Ce mépris fiiat nécessairement par absorber l'aJm ration; et de Cléopâtre tout entière il ne reste qu'une femme odieuse et hideuse toujours en furie et en déme-ce, et digne d'une place d'honneur aux Petites-Maisons. » {l-ramaliirgie de Hambourg, 35e soirée, p. 149 et suivantes, irad. Crouslé.) Sur ce jugement beaucoup trop absolu voyez \ Inti oduclion.

395. i< Corneille reparait ici dans toute sa pompe ; l'éloquent Bossuet est le seul qui se soit servi après lui de cette belle épithète fallacieuse. Pourquoi ap- pauvrir la langue? Un mot consacré par Cornaille et Bossuet peut-il être aban- doïin-'? » CVoliaire.) Il semMe, comme le remarque M. Marty-Laveaux, que cette juste remarque de Voltaire ait fait revivre ce mot. que nous trouvons chez Rousseau et plusieurs écrivains du xvme siècle. Dans toutes les éditions

  • uccebs;\c3 ca son Ûiciui naire, de lf>Q4 4 ><>», l'Académie avait condamné.

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