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98 RODOGUNE.

KODOGUNE .

Comme ils ont même sang avec p;ireil mérite, 365

Dn avantage égal pour eux me soll cite;

Mais il est malaisé, dans cette égalité.

Qu'un esprit combattu ne penche d'un côté.

11 est des nœuds secrets, il est des sympathies.

Dont par le doux rapport les àmeti assorties 360

S'attachent l'une à l'autre, et se laissent piquor

Pc.r ces je ne sais quoi qu'on ne peut expliquer.

��355. Ils sont du inêine sang, que propose Voltaire, vaudrait peut-être mieux au point de vue de la correction absolue; mais Corneille supprime volontiar^ l'article avec même.

\'ar. « Quoique égaux en naissance et parsils en mérite (1647-56). »

3.36. Solliriie, sens du latin soUicilare, me tente, m'attire.

.359. « L'amour n'est, pour le beau monde du temps de Corneille, qu'un ordre du ciel, une influence de l'étoile, une fatalité aussi inexplicable qu'inévitable.» On sait par cœur ces vers de Rodogune. D'autres vers, de la Suite du Menteur, géraient encore plus connus, si la pièce l'était autant :

Quand les ordres du ciel nous ont fait l'un pour l'autre, Lise, c'est un accord bientôt fait que le nôtre; Sa main enire les cœurs, par un secret pouvoir. Sème l'in;elligence avant que de se voir; 11 prépare si bien l'araant e( la maîtresse

Sue leur àme au seul nom s'émeut et s'intéresse ; n s'estime, on se cherche, on s'aima en un momeat. Tout ce qu'on s'entredit persuade aiSL-ment, El sans s'inquiéter d'aucunes peurs frivoles, La foi semble courir au-devant des paroles.

« La même idée se retrouve dans Tile et Bérénice (II, ii); elle domino dans toutes les pièces de Corneille; c'était l'idée du temps. » Ces justes observations de M. Guizot (Corneille et son temps) nous dispensent de repondre à M. Gem- lez, qui a écrit : « Somme toute, ces quatre vers si vantés et si souvent cités risquent fort de n'être que du galimatias alambiqué. » 'Voltaire, du moins, s'il juge que cette métaphysique amoureuse appartient à la haute comédie plus qu'à la tragédie, trouve ces vers « agréables».

360. « .4.U xvie et au commencement du xvii» siècle, dit M. Chassang {Gram- mairc, p. 295), par souvenir des constructions latines, dont pouvait dépendre d'un complément indirect :

Allez à la malheure, allez, âmes tragiques, Dont par les noirs complots...

361. Piquer se disait alors dans le style noble, et Bourdaloue s'en ast sou- vent servi; Yoy. le v. 231.

362. Par ces je ne sais quoi. Corneille aime cette expression, qui revient souvent dans ses œuvres, et qui rappelle le m-scio qnid des Latins. Le "V» des Entrrliens d'Ariste et d'Eugène, du Péris B'juhours, est intitulé ; /'- Je ne sçay quoi/ (p. 320). Les vers de Corneille servent do piint de départ à l-i discussion sur les i;auses secrètes de la sympathie. « Un de nos poètes, dit Eugène, en a mieux parlé que tous les philosophes; il décide la chose en un mot. » Ariste conclut que » Toute la nature est pleine

De ces je ne sçay quoy qu'on ne peut expliquer. »

Seule, la religion chretientie explique tout, et cet entretien, commencé par des vers sur l'amour, fiinl par une dissertation sur la grâce. En 16L'5, quand l'Académie voulut exiger de ses membres le tribut heb iomadaire d'un discours «ur un sujet quelconque, l'un d'entre eux choisit pour sujet : le Je ne sait v'ioi.

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