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M RODOGUNE.

Dois-je dire de bonne ou mauvaise fortune? Nos deux princes tous deux adorent Rodogune.

TIMAGÈNE.

Sitôt qu'ils ont paru tous deux en cette cour,

Ils ont vu Uodogune, et j'ai vu leur amour ; J)v)

Mais comme étant rivaux nous les trouvons à plaindre,

Connaissant leur vertu je n'en \ ois rien à craindre.

Pour vous, qui gouvernez cet objet de leurs vœux.,,

LAONICE .

Je n'ai point encor vu qu'elle aime aucun des deux.

TIMAGÈNE.

Vous me trouvez mal propre à cette confidence, 2i)S

Et peut-être à dessein je la vois qui s'avance. Adieu : je dois au rang qu'elle est prête à tenir Du moins la liberté de vous entretenir.

��SCENE V ,

RODOGUNE, LAONICE.

RODOGUNE.

Je ne sais quel malheur aujourd'hui me menace.

Et coule dans ma joie une secrète glace : 800

��291. Etant rivaux, nous. Construction peu correcte.

295. Que jna/ propre, qui prête à la confusion, ne doive pas entrer aujou! ■ d'hui « dans le style noble, » nous en tombons d'accord avec Voltaire; mais il nous faut constater aussi qu'on l'employait alors sans scrupule dans la haut^ comédie et la tragédie. Voyez le Misanthrope (l, i), Cinna (II, ii), Nicomède (I, ii).

296. A quel dessein? demande Voltaire. C'est ce que nous allons apprendra et ce que Timagène devine peut-être d'avance. La construction n'en est pas moins vicieuse : il semble qu'à dessein se rapporte à je, sujet de la phrase.

297. Pour prés de tenir. Prêt d et près de s'emploient très souvent dans co sens chez les meilleurs écrivains du xvii« siècle. « Non seulement, dit M Marty- Laveaux. près de et pt-ét de se confondaient, mais encore prêt de et prêt d 86 prenaient souvent l'un pour l'autre » Voyez les vers 425 et 450, et la graib- maire de M, Chassang, pages 260-1 :

Dd grand destin commence, un grand destin S'nc'aève : L'empire est prêt à choir, et la France s'élàre.

{Attila, v.lUJ

298. Une remarque curieuse à faire, c'est qu'après avoir tant marchandé, dans le détail, l'éloge an grand Corneille, Voltaire se voie contraint, pour aiu&' dire, de lui rendre hommage, lorsqu'il juge l'ensemble d'une scène. Ici encore il écrit : « Il y a un grand germe d'intérêt dans la situation que Timagène expose. » Lui-même en fait l'aveu à d'Argental (Lettre du 8 avril 1703) : « Mes commentaires sont très sévères et doivent l'être; mais, après avoir critiqué en détail, je prodigue l'éloge en gros, j'encense Corneille en général. »

300. < Coule une glace n'est pas du style noble, et la glace ne coule point. > (Voltaire.) Toi^ours le style noble ! Glace, pris au figuré, est de tous les temps. . Quant à couUr, que Voltaire prend aa propi«, U aTait, «t p«nt avoir eacoM»

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