Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/436

Cette page n’a pas encore été corrigée

•0 RODOGONK.

Que je désavouerai mon cœur, s'il en soupire.

ANTIOCHUS,

/'embrasse comme vous ces nobles sentiments. ÎQ^

Mais allons leur donner le st^cours des serments,

Atin qu'étant témoins de l'amitié jurée,

Les dieux contre un tel coup assurent sa durée.

SKLEUCOS.

Allons, allons l'étreindre, au pied de leurs auleîs,

Par des liens sacrés et des nœuds immortels. 240

��SCÈNE IV

LAONICE, TIMAGÈNE.

LAONICE .

Peut-on plus dignement mériter la couronne?

TIMAGÈNK.

Je ne suis point surpris de ce qui vous étonne;

Confident de tous dsmx, prévoyant leur douleur.

J'ai prévu leur constance, et j'ai plaint leur malheur.

Mais, de grâce, achevez l'histoire commencée. 215

LAONICE .

Pour la reprendre donc où nous l'avons laissée,

Les Parihes, au combat par les nôtres forcés,

Tantôt presque vainqueurs, lantôt presque enfoncés,

Sur l'une et l'autre armée également heureuse

Virent loni,'temps voler la victoire douteuse : 220

Mais la fortune euûn se tourna contre nous,

��205. Embrasser, ampiecti : adopter.

210. « Malgré tous ses défauts, cette scène doit toujours réussir aa théâtre. L'amitié tendre des deux frères tout he d'abord ; on excuse leur dessein de céder le trône, parce qu'ils sont jeunes, et qu'on pardonne tout à la jeunesse passionnée et sans expérience, mais surtout parce que leur droit au trône est incertain. La bonne foi avec laquelle ces princes se parlent doit plaire au public. Leurs réflexions, que Rodogune doit appartenir à celui qui sera nommé roi, forment tout d'un coup le nœud de la pièce ; et le triomphe de l'amitié sur l'amour et sur l'ambition finit cette scène parfaitement. » (Voltaire.) Il y a bien là quelques réserves contestables ; mais l'ensemble est juste et fait oublier les chicanes de détail.

21.5. « Ces discours de confident.s, cette histoire interrompue et recommen- cée sont condamnés universellement. » (Voltaire.) Pas du moins par M. Geruzez lui dit : ( La reprise est maladroite, mais la division est habile. » Peut-être on effet l'intérêt que nous inspire la situation des deux princes risquerait-il d'être affaibli, si nous savions à l'avance que leur mère a assassiné son mari et que Ro- dogune a été destinée à un autre. Il y a donc dans ce premier ;icte comme une exposition en partie double : la première, donnant l'essentiel des faits qui se sont précédemment accomplis; la seconde, nous éclainnt sur le caractère des deu» personnages principaux.

�� �