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ACTE PREMIER

��SCÈNE PREMIÈRE

LAONICE, TIMAGÈNE.

��LAONICE.

EnTin ce jour pompeux, cet heureux jour nous luit, Qui d'un trouble si long doit dissiper la nuit,

1. « C'est un grand ornement pour an poème, observe Corneille, que la choix d'un jour illustre et attendu depuis longtemps. Dans Hodognne, c'est un jour choisi par deux souverains pour l'effet d'un traité de paix entre leurs couronnes ennemies. » (Discours des trois unités.) — Pompeux ne se rapproche- t-il pas ici de son véritable sens étymologique, itonitJ), cortège, céréiuonie triomphale ou tout au moins solennelle? Ce qui le ferait croire, c'est que, dans la Afort de Pompée (U, r»), Corneille a déjà écrit:

Seigneur, ne donnons point de prétexte h Céstir Pour attacher l'Egypte aux pompes de son cbar,

et que bientôt dans Nieomide (I, i ) il parlera de ces t spectacles pompeux > auxquels les Romains destinaient leur ennemi vaincu. L'étonnoment de Vol- taire n'est diinc pas justifié. — Nous luit, luit pour nous. La poésie contempo- raine aime ce tour que Rotrou avait employé dix ans avant Corneille (la Pèle- rine, 1634; V, vu).

J'avais donc dix-huit ans! j'étais donc plein de songes! L'espérance en chantant me bernait de mensonges. Un astre m'avait lui I

IV. Hugo, Feuilles rrûutotnne.]

2. Dans une longue note, Voltaire regrette qu'aux deux subalternes qui ouvrent la pièce. Corneille n'ait pas substitué des personnages plus relevés, dans la bouche de qui seraient mieux placées de si magnifiques paroles sur de si .lîrands intérêts. « Les défauts de cette exposition, conclut-il, sont : 1° qu'on ne sait point qui parle ; 2» qu'on ne sait point de qui l'cjn parie ; 3" qu'on ne sait point où l'on parle. » — « Corneille, répond M. Geruzez, laisse à des- sein quelque obscurité pour soutenir l'attention, par un effort de curiosité, en attendant le véritable intérêt tragique ou le pathétique. » Cette observation est vraie en ce qui concerne les personnages « de qui l'on parle ». Mais ne «ait-on point « où l'on parle »î Si Voltaire entend par là qu'on ignore le lieu précis de la scène, qu'importe! Ici, comme dans presque toutes les pièces classiques, ce lieu est tout idéal; c'est un cadre de convention, très indifférent au poÀte comme à nous, et où se meuvent des caractère! vivants. Vaut-il mieux que le cadre écrase, comme aujourd'hui, les personnages? Les détai!^ «Ttérieurs sont peu de chose ; ce qn'i! faut peindre, c'eut l'intérieur ds

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