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88 EXAMEN DE RODOGUNE.

d'Ântiochus. J'en ai dit la raison ailleurs*. Le reste sont des épisodes d'invention qui ne sont pas incompatibles avec l'his- loire, pui-qu'elle ne dit point ce que devint Rodogune après la mort de Déméirius, qui vraisemblablement l'amenait en Syrie prendre possession de sa couronne. J'ai fdit porter a la pièce le iiom de cette princesse plutôt que celui ds Cléopàtre, que je n'ai même osé nommer dans mes \ers, de peur qu'on ne con- fondît cette reine de Syrie avec cette fameuse princesse d'Egypte qui portait le même nom, et que l'idée de celle-ci, beaucoup plus connue que l'autre, ne semât une dangereuse préoccupa- tion parmi les ;.udilours.

On ma souvent fait une question à la cour: quel était celui de mes poème» que j'eslimais le plus, et j'ai trouvé tous ceux qui me l'ont faite si prévenus en f iveur de China ou du Cld, que je n'ai jamais osé déclarer toute la tendresse que j'ai tou- jours eue pour celui-ci, à qui j'aurais volontiers donné mon suffrage, si je n'avais craint de manquer, en quelque sort'^, au respect que je devais à ceux qu^ je voyais pencher d'un autre côté. Cette préférence est peut-être en moi un effet de ces incli- nations aveugles qu'ont beaucoup de pères pour quelques-uns de leurs enfants plus que pour h^s autres; peut-être y entre-t-il un peu d'amour-propre, en ce que c^tte tragédie me semble être un peu plus à moi que celles qui l'ont précédée, à cause des incidents suiprenants qui sont purement de mon invention et n'avaient jamais été vus *u théâtre, et peut-être enfin y a-t-il un peu de vrai mérite qui fait que cette inclination n'est pas tout à fait injuste. Je seux bien laisser chacun en liberté de ses sentiments; mais certainement on peut dire que mes autres pièces ont peu d'avantages qui ne se rencontrent en C' Ile-ci : elle a tout ensemble la beauté du sujet, la nouveauté des fictions, la force des vers, la facilité de l'expres-ion, \à solidité du raison- nement, la chaleur des passions, les tendrc.-se-; de l'amour et de l'amitié, et cet heureux assemblage est ménagé de sorte qu'elle s'élève d'acte en acte. Le second passe le premier, le troi.-ième est au-dessus du second, et le dernier l'emporte sur tous les autres. Laction y est une, grande, complète; sa durée ne va point, ou fort peu, au delà de celle de ia représentation. Le jour en est le plus illustie qu'on puisse imaginer, et l'unité de lieu s'y rencontre en la manière que je l'explique dans le troi- sième de ces discours* et avec l'indulgence que j'ai d'imandée pour le théâtre.

1. Dans le Second discours .sur la tragédie: « Si j'eusse fait voir cettte action Bans y rien changer, c'eût été punir un parricide par un autre parricide ; on eût pris aversion pour Anli'chus, et il a été bien plus doux de faire qu'elle- même, voyant que sa haine et sa noire perfidie allaient être découvertes, s'empoisonne dans son désespoir, à dessein d'envelopper ces deaz amants dans sa perte, en leur ôtant tout sujet de défiance. »

2. iJiscows def l^-nU unilés.

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