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du débat les derniers mois de 1642; Polyeucte n'étant pas re- présenté à celle date, il est clair que Pompée, a fortiori, ne l'était pas. Restent les deux mois de janvier et février 1643, et l'on a peine à admettre qu'en un si court espace de temps se soient succédées trois pièces aussi importantes que Po- lyeucte, Vompée et lu Menteur. Corneille, d'ailleurs, ne dit pas expressément que sa tragédie et sa comédie aient été données au public dans le même hiver ; mais il laisse entendre que dans le même hiver elles ont été composées. En résumé, \\ est impossible d'accepter les dates extrêmes de 1642 et 1644'; il est difficile de placer la représentation de Pompée au début de 1643 ; il paraît plus naturel de la fixer à la seconde partie de cette même année. En tout cas, la date de 1641 est erro- née ; disons donc que Pompée est de 1643.

La mort de Pompée parut pour la première fois en 1654 chez Antoine de Sommaville et Augustin Courbé, in-4o et in-12. Après une pompeuse dédicace au cardinal Mazarin, qui, sui- vant iNaudé, avait donné au poète une pension de cent pis- tôles, Corneille y exagérait encore l'éloge dans un Remerci- ment en vers que nous reproduisons plus loin. En 1644, 1648, .1682, parurent d'autres éditions, sans compter les éditions complètes du théâtre de Corneille, et les éditions hollan- daises, dont la principale est l'édition « delà sphère « publiée à Leyde en 1644 chez les Elzevier. En apparence, c'est là un grand succès de librairie, mais si on compare le nombre de ces éditions au nombre des éditions qu'ont fourni le Cid, Horace, Cinna, Polyeucte, si l'on poursuit le parallèle en com- parant le nombre des représentations^, on se convaincra que Pompée, sans être un échec, n'a pas été une victoire reten- tissante, et que, après le quatuor consacré des chefs-d'œuvre, cette tragédie mêlée de beautés et de fautes marque le com- mencement, non pas de l'ère de décadence, mais de l'ère des grandes œuvres contestables et contestées.

Corneille ne le sentit jamais et jamais ne se crut inférieur à lui-même. En 1659, sortant d'une longue retraite, qui avait suivi la chute, imméritée, selon lui, de Pertharite, il disait au surintendant Fouquet, qui le ramenait au théâtre :

Je sens le même feu, je sens la même audace Qui fit plaindre le Cid, qui fit combattre Horace,

1. Nous (levons dire pourtant que M. Ed. Fournier adopte la date de i(M.

S. D'après le? registres de la Comédie-Française, de 1680 à 1715, Pompée fut joué 89 fois, dont 9 à. la cour; de 1715 à 1792, 62 fois, dont 9 à la rour ; de 1792 à 1804, aucune représentation; de 1804 à 1815, 31 fois, dont 3 à la cour; de 1815 à 1830, 7 fois; de 1830 à 1848, aucune représentatioo de 1848 à 1870, 4 fois; depuis 1870, aucune reprise.

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