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sort pas ridiculisé, diminué, anéanti de cet impartial examen. Ce ne sont que « caractères faux », que « tirades affreuses. » « Il est vrai, ose-t-il écrire, que tout cliez lui respii-e l'hé- roïsme; mais il en met même là oiî l'on n'en devrait jamais voir, là oîi l'on n'en voit jamais, c'esl-à-dire dans le crime. On aurait du l'appeler le monstrueux, hqignn'.esqm, et non pas le grand; car il n'y a pas de grandeur où il n'y a pas de vérité. » Voyons donc comment le vertueux Lessing, qui refait avec tant de logi- que les fables de La Fontaine, refera *■ la tragédie de Pierre Corneille.

Lorsqu'on parle de Lessing ou de tout autre critique d'outre Rtiin, il faul résistera une tentation assez naturelle : rien déplus aisé que de tourner en dérision le pedanlisme tudesque, ces formules dogmatiques, ces abstractions incolores, cette méta- physique transcenda ntale, tant prodiguée, si peu persuasive. Oue prouveraient ces railleries? Laissons le dramaturge de Hambourg parier de Thespis et de Selon, àpropo- de Rodogune, appeler Corneille un « bousilleur » (M. Crousié ne croit pas pouvoir traduire autrement le mot allemand sliïmper) et com- parer son œuvre à l'indigeste pâiée d'un boulanger novice : «Ses propres inventions et les matériaux pris dans l'iiistoire, il pé- trit tout ensemble, comme des œuls et de la farine; puis il étend délicatement la pâte en un long roman, bien difficile à di- gérer ; il la dispose sur son cadre d'actes et de scènes, et voilà sa pâtisserie au fùur. » L'ironie manque de légèreté; ce sont les Chevaliers d'Aristophane, moins le sel attique, mais qu'importe! Lorsque Lessing n'a pas l'ambition d'être spirituel et qu'il se contente d'être sérieux, il rencontre souvent la vérité. Par exemple, il a raiso i de regretter que Corneille, guidé par do faux scrupules, ait cru devoir donner à sa pièce le titre de Ro- dogune, risquant ainsi d'égarer le lecteur inaltentif sur le véri- table intérêt du drame; il a raison de blâmer l'omission systé- matique du nom de Cléopâire, au grand détriment de la clarté de l'exposition. Peut-être même n'a-t-il pas tort d'observer que les personnages parlent trop de ce qu'ils devraient taire, et font un étalage inutile de leurs vertus et de leurs vices. Ses considé-

��;. Il dit pourtant, avec une modestie qui peutparaîlre bien vaniteuse : t Je ne sais pas s'il en coûte beaucoup de travail pour trouver do pareilles inven- tions: je ne l'ai jamais tenté, et il n'est guère probable que je le tente jamais. Mais ce que je sais, c'est qu'il n'est pas aisé de les digérer. » Ailleurs, il sup- prime touics les réserves : k Qu'<:n me cite une pièce du grand Corneille ';.;• je ne me clinrge de faire inieu: I »

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