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INTRODUCTION 21

D'ailleurs, la pièce de Chaulmer se rattache à ce groupe de tragi-comédies pseudo-historiques qui étaient à Ja mode même après le Cid, et qui ne devaient point déplaire au goût encore mal affermi de Corneille. Dans la Grisante de Rotrou, une déclamation assez vigoureuse se termine par ce vers :

Et César quelque jour aura même destin*.

Ne semble-t-il pas que Corneille se soit souvenu de ce vers à la fin du récit d'Achorée? Il a dû lire, de même, les pièces nombreuses qu'avaient inspirées les tragiques épisodes des guerres civiles de Rome, de la mort de Pompée à la mort de César, de la mort de César à la mort d'Antoine : il connaissait sait sans doute la Cléopâtre de Jodelle (loo2), le Marc-Antoine ou Cléopâtre de Garnier (1572), les Merveilleuses amours de Marc- Antoine 'et de Cléopâtre, de Guillaume Belliard (1572), la Cléopâtre de Nicolas Montreux (lo9o), le Marc-Antoine ou Cléopâtre, de Mairet (1630), la Cléopâtre de Benserade (163o), sans compter toutes les pièces dont César est le héros princi- pal, comme le César de Jacques Grévin. Si l'on énumére ici ces œuvres diverses, c'est pour remarquer que la figure étrange de Cléopâtre avait surtout séduit les poètes drama- tiques français (et l'on ne parle ici ni de Shakespeare, ni des Italiens), c'est pour constater aussi que hi Cléopâtre de Cor- neille ressemble fort peu à la Cléopâtre tendre et fidèle de Garnier ou de Mairet, et à la Cléopâtre passionnée et furieuse de Chaulmer et de Benserade. Corneille a maintenu seule- ment près d'elle cette Charmion que plusieurs de ses prédé- cesseurs donnaient à Cléopâtre pour confidente.

��III

HISTOIRE DE LA PIÈCE.

« Le style de Polyeucte n'est pas si fort que celui de

Cinna et de Pompée J'ai fait Pompée pour satisfaire à

ceux qui ne trouvaient pas les vers de Polyeucte si puissants que ceux de Cinna et leur montrer que j'en saurais bien retrouver la pompe quand le sujet le pourrait souffrir... J'ai voulu faire un essai de ce que pouvaient la majesté du rai- sonnement et la force des vers, dénués de l'agrément du

t. Crisante, IV, ft.

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