Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée

INTRODUCTION. 15

Lydie, lui demande son amitié, l'unit avec Darie, et promet de marier Artaxerce avec la sœur de Lydie, qui a été faite prison- nière avec cette princesse. »

Faut-il s'étonner d'une erreur si complète? Geoffroy i suppose qu'on aura mal expliqué à Gilbert le plan de la pièce; mais l'écarf est trop grand pour que Ion puisse croire à une simple méprise L'explication fournie par les dates est plus naturelle : si Cor- neille, malgré l'apparition prématurée rie la pièce de Gilbert,

it tendit quelques mois pour faire représenter la sienne, c'est

qui! n'était pas prêt ; si Gilbert, à son grand désespoir, crovez- le bien, n'imita point le cinquième acte, comme il avait imité le quatrième, c'est que le cinquième acte n'était pas écrit et qu'il fallait à tout prix arriver avant Corneille. Il se pressa trop, et s'en trouva mal.

En résumé, la fable d'un roman introuvable dont se seraient inspirés Corneille et Gilbert doit être rejetée bien loin, comme mensonijère et absurde*. Cette autre fiction, * orneille plagiaire d un Gilbert, ne mérite pas même l'honneur d'un examen; tout démontre, au contraire, que Gilbert a copié Corneille, et la méprise, énismatique autrement, sur le nom de Rodogune, et les ressemblance? de fond, et le^ différences de forme, et sur- tout ce piteux cinquième acte, maladroitement cousu à l'en- semblo. Depuis un an, Corneille travaillait au plan de Bodo- gimp; depuis un an, la société lettrée de Paris n"avait pas d'autre sujet d'entretien. La tradition veut même que le grand Condé, 'ami de La Rochefoucauld et de Bo>suet, ait tenu à s'en faire instruire, et que, devant lui, Corneille l'ait exposé à l'hôtel de Rambouillet. Quoi qu'il en soit, il était assez vengé par l'accueil que fît le vrai public à la Rodogune ûq son plagiaire, et la mau- vaise humeur de celui-ci se fait assez voir dans son épîire dédi- catoire à Gaston d Orléans. L'auteur de la seule Rodogune que la postérité veuille connaître n'eut pas la cruauté d'achever son adversaire A cette fantaisie dramatique, qui ne reposait sur rien, il se contenta d'opposer les solides fondements de son œuvre, sans même prendre la peine de faire ressortir le con- traste entre l'histoire et le roman. « Il imita, dit Geoffroy, ce cuisinier suisse qui, voyant qu'un chien lui avait enlevé une

��1. Cours de littérature dramatique, 1. 1.

2. On la retrouve encore pourtant dans des recneils qui sont partout, la Biographii universelle de liichand et le Dictionnaire Laroutse.

�� �