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10 RODOGUNE.

l'inanité des accusations et justifierait la sincérité de l'accusé? Croyez-moi, il n'eût pas eu peur de la vérité, ce Corneille, si fièrement morieste, qui prend soin de nous montrer du doi.gt les moindres sources où il a puisé; la comparaison l'aurait grandi. Si vieux que fût votre moine, le vieux Corneille eût semblé le créateur, et lui le copiste. Mais je lui trouve quelque vague pa- renté avec ces moines du pèreHardouin qui, à l'entendre, ont composé autrefois, dans leurs doctes loisirs, les écrits fausse- .jTient attribués à Hofnère et à Virgile, à Horace et à Platon. Il ne m'aurait pas déplu de le mieux connaître; car enfin du même coup vous avez fait deux victimes, et ce bon moine, qui aurait eu la gloire d'avoir servi demoièle à Corneille, et Corneille lui- même, sur qui vous laissez peser un éternel soupçon de plagiat. Mieux eût valu garder le silence, et dans l'intérêt de Corneille et dans le vôtre : vos chansons ne vous semblaient-elles donc pas un litre suffisant au fauteuil académique? »

Laissons ces romans, et venons à un débat plus sérieux. Ici du moins, nous nous trouvons en face d'un nom précis et d'une œuvre réelle. Quel est ce Gilbert, dont la pièce, antérieure de quelques mois à celle de Corneille, avait, selon Voltaire, une ressemblance si étrange avec notre Rodogune ?

C'est une sorte de Maître Jacques de la littérature, auteur dramatique et diplomate à volonté, qui fut toute sa vie pauvre d'invention et pauvre d'argent, mais ne manqua pas d'intelli- gence : car ses biographes * s'accordent à louer en lui, non seu- lement la correction et la simplicité de son style, qualités rares au temps où il écrivit, mais son adresse à choisir ses sujets, dont plus d'un fut repris après lui par de plus grands écrivains. Sa Pfiiloclée (d'autres disent son Téléphonie) eut l'honneur d'être représentée en 4 662 par les deux troupes royales, et plps tard, dit-on, d'inspirer ;J/erope. On voit que Voltaire avait ses raisons pour ne pas trop dédaigner ce poète ; avant lui, Racine

��l. Nous avons surtout consulté, avec les note» de l'édition Régnier, le Dic- tionnaire Moreti et la Biographie universelle à& Michaud. Parmi les autres œuvres de Gilbert, citons, avec une traduction des Psaumes en vers, avec un Art dt plaire, imité d'Ovide, des tragédies : Sémiramii, Arie et Pétus, Théagène, f.éandn et Hiro; des tragi<omédies et des pastorales : les Amours de Diane et d'I.ndy- mion, Cresphonte, U$ Amours d'Ovide, les Amours d'Angéli/ue et de Médor, le Courtisan parfait, les Intrigues amoureusss, comédie ; les Peiiu-s it les Plaisirs de l'Amour, opéra. Lrs seules pièces antéiii'.i.res à Rodogune sont Marguerite d4 France et PUitocUe. Oiliicrt était né à Paru.

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