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INTRODUCTION. ï

emploi l'ublic se déshonore et se "rend ridicule pour si peu ile chose. Tous les mémoires du temps en auraient parlé; ce larcin aurait été une chose publique.

« On parle d'un ancien roman de Rodogune; je ne l'ai pas vu; c'est, dit-OQ, une brochure in-8". impriroée chez Soramaville, qui servitégalementau 2:rai^i attiear^au mauvais. Corneille em beliitle roiïias, et Gilbert le gâta. Le style nuisit aussi beaucoup à Gilbert : car, malgré les inégalités de Corneille, il y eut autant de différence entre ses vers et ceux de ses contemporains jusqu'à Racine, qu'entre le pinceau de Michel- Ange et la brosse des barbouilleurs.

« Il y a un autre roman de Rodogune, en deux volumes; mais il ne fut imprimé qu'en 4668 ; il est très rare et presque oublié; le premier l'est entièrement. »

îmagine-t-on un art plus consomme de mêler aux éloi^es les réticences perfides, et d'insinuer, sans y penser, pour ainsi dire et en se jouant, que Corneille pourrait bien être un plagiaire? Jadis, Voltaire avait adirmé que le copiste de Corneille, Dia- raante, avait été copie par Corneille, dont le Cid est antérieur de trente-cinq ans à El Honrador de su padre (celui qui ho- nore son père). Plus tard, il prendra la peine de traduire d'un bout à l'autre une assez piètre féerie de Calderon, En esta vida lodo es verdad y lodo mentira (En cette vie tout est vérité et mensonge), pour se donner ensuite le plaisir d'y comparer VHéraciius de Corneille. Or Héraclius est de 1647, et la pièce de Calderon de <684. Qui donc sortait dimiimé de ce rappro- chement au moins inutile? Corneille, dont le génie original était une fois de plus mis en pleine lumière, ou Voltaire, dont les grossiers cotitresens prêtaient à rire *T

loi, point d'affirmation téméraire, point 'l'accusation directe. C'est à peine si. néglii^eniment, à la fin de sa préface, dans une sorte de post-^criptumi Voltaire signale l'existence d'un vieux Oman, qu'il n'a pas vu, et qui, a dit-on », connu à la fois de Corneille et de Gilbert, fut imité par l'un et l'autre. Voyons à quoi se réduisent ces on-dit mystérieux, ces peti(s commérages d'un grand homme.

Tout d'abord, un des romans dont parle Voltaire doit être

��1. Voy. la France, l'Espagne et l'Italie au XVU^ siècle, do Philarète Chastes. Dans un article exact et chaleureux du Jottmal olpciel, M. Alphonsa Daudet a justifié Corneille plagiaire.

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