Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/352

Cette page n’a pas encore été corrigée

« RODOGUNE,

t-il cette Rodogune à Monsieur, qui cependant ne lui ressem- Dlait en rien. Ce mauvaisouvrage fut oublié du protecteur et du 7/Ublic.

« Le privilège du résident pour sa Rodogune est du 8 jan- vier 1646; elle fut imprimée en février 1647. Le privilège de Corneille est du 13 avril 1646, et sa Rodogune ne fut imprimée qu'au 30 janvier 1647. Ainsi la Rodogune de Corneille ne parut sur le papier qu'un an, ou environ, après les représentations de la pièce de Gllijert, c'est-à-dire un an après que celte pièce n'existait plus.

« Ce qui est étrange, c'est qu'un retrouve dans les deux tra- gédies précisément les mêmes situations, et souvent les mêmes sentiments que ces situations amènent. Le cinquième acte est différent; il est terrible et pathétique dans Corneille. Gilbert crut rendre sa pièce intéressante en rendant le dénoùment heu- reux; et il en fit l'acte le plus froid et le plus insipide qu'on pût mettre sur le théâtre.

«On peut encore remarquer que Bodogune joue dans la pièce de Gilbert le lôle que Corneille donne à Cléopàtre, et que Gilbert a falsifié l'hisloire.

« Il est étrange que Corneille, dans sa préface, ne parle point d'une ressemblance si frappante. Bernard de Fontenelle, dans la vie de Corneille, son oncle, nous dit que Corneille ayant lait con- fidence du plan de sa pièce à un ami, cet ami indiscret donnale plan au résident, qui, contre le droit des gens, vola Corneille. Ce trait est peu vraisemblable. Rarement un homme revêiu d'un

��venaient jadis implorer la j/ràce. Pour vous persuader do lui accorder la faveur qu'elle vous demande, elle vous assure qu'elle n'a jamais eu la pensée de trem- per ses mains dans le sang de son mari, ni dans celui de son fils ; que si elle eût eu des sentiments si barbares et si contraires aux inclinations de Votre Altesse royale, elle n'eût jamais osé se présenter devant elle, et elle n'eût pas eu asseï d'audacp pour demander à la vertu la protection du vice. » Ce passage curieux, que M. Viguier n'a pas cité, est cependant très propre à confirmer une conjec- ture fort ingénieuse qu'il propose dans ses Anecdotes littéraires sur Pieire C.or- iheille : « Anne d'Autriche, dit-il, était susceptible, scrupuleuse, romanesque emportée, et sa position de régente, tutrice du jeune roi et de son frère, était fort délicate, ainsi que celle de Gaston, si incertain de ses droits et de sesdevoirs ■ comme lieutenant général du royaume. Or le bruit courait chez Monsieur le Prince et partout qu'une héroïne nouyelle de Corneille allait faire voir sur la scène une reine régente, mère de deux {rinces, homicide, par ambition, de son mari et de ses deux fils. Le duc d'Orléans devait assez bien faire sa cour à la régente en commandaiU au poète Gilbert une autre reine mèr« que celle de Corneille, a {Préfaet dt l'édition Régnier.)

�� �