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INTRODUCTION. 3

lifier d'idiotisme, et qui manque si convplèlement à la langue étroite, symétrique, écourtée du xviii' siècle^. »

Ajoutez qu'à cette rigueur de pédagogue Voltaire joint .sou- vent l'étourderie d'un écolier. A propos de son commentaire sur Corneille, il l'avouait à d'Alemb^rt: «J'écris vite et je corrige de même. » Que ne s'est-il corrigé moins à la hâte! Il nous au- rait épargné plus d'une surprise et se serait, épargné plus d'une méprise à lui-même. En vain d'Alembert et l'Académie jugeaient qu'il dépassait la mesure; il répondait, avec une sincérité cha- leureuse cjui nous confond :

« Le nom de Zoïle me pique; il est très injuste. Je vais au- delà dfS bornes quand je loue Corneille et en deçà quand je le critique. Je crois d'ailleurs faire un ouvrage très utile, et que la comparaison des pièces de Shakespeare et Galderon avec Cor- neille, sur des sujets à peu près semblables, est un grand éloge [)Our Pierre et un service à la littérature. Je ne me relâcherai

en rien parce que je suis sûr que j'ai raison La gloire de

Corneille est en sûreté... Il est vrai que Corn(!ille est pour moi un auieur sacré; mais je ressemble au père Simon, à qui l'ar- chevêque de Paris demandait à quoi il s'occupait pour mériter d'être fait prêtre :« Monseigneur, répondit-il, je critique la Bible.» ...On me trouve un peu insolent etje pense que vous me trouvez bien discret; car, entre nous, je n'ai pas relevé la cinquième partie des fautes; il ne faut point découvrir la turpitude de son père. Je crois en avoir dit assez pour être utile; si j'en avais dit davantage, j'aurais pas-^é poiii' un méchant homme. Quoi qu'il en soit, j'ai marié deux Biles (M"'^ Corneille et M"' Dupuits, sa belle- sœur), pour avoir critiqué des vers. Scaliger et Saumaise n'en ont pas tant fait... Les fanatiques de Corneille n'y trouveront peut-être pas leur compte; mais je fais [)lu3 de cas du bon goût que de leur suffrage. J'ai tout, examiné sans passion et sans in- térêt, j'ai toujours dit ce que j'ai pensé, et je ne connais aucun cas dans lequel il faille dire ce qu'on ne pense point... Nous tra- vaillons pour le nom de Corneille, pour l'Académie, pour la France*. »

Comment n'être pas convaincu par un ton si naturel, par tant de protestations indignées ou naïves? Bornons-nous donc à

1. Portraits littéraires, I ; Nouveaux Lundis, VII.

8. Lettres aa président Uénaalt, 85 jain 1761 ; à Damilaville, 26 mars nCA; — a d'Alembert, 1-2 juillet 1788 et mai 1704. Voyez aussi les lettres à divers dos 15, 16 août et 25 décembre 1761 ; da ^4 mai 1762 ; des 2 avril, 25 août, 26 décembre 1763 ; du 6 janTiei 1761 ; li aTril et 9 mai 1764 , «te

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